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léger service à miss Anneke, et toute la famille à la bonté de s’en souvenir.

— Oui, j’ai cru remarquer surtout qu’Anneke avait une très-bonne mémoire. Mary Wallace m’a raconté toute l’histoire ; il s’agissait d’un lion. Ce n’est pas moi qui aurai jamais le bonheur de voir ma chère Mary entre les griffes d’un lion ou de quelque autre bête féroce ; juste le temps de lui montrer que Guert Ten Eyck a aussi du cœur. Mais, Corny, mon garçon, j’attends de vous un service. Vous êtes en si grande faveur que vous obtiendrez sur-le-champ ce que je désire, tandis que je supplierais en vain des mois entiers.

— Je vous ai trop d’obligations, Guert, pour ne pas faire ce qui dépendra de moi pour vous être agréable. Parlez, de quoi s’agit-il ?

— D’abord laissez là vos obligations ! je ne suis jamais plus heureux que quand j’achète ou je vends un cheval ; et, en vous aidant à vous débarrasser de vos vieux serviteurs, je n’ai pas fait grand tort au roi, après tout. Mais c’est justement de chevaux que je veux vous parler. Vous saurez, Littlepage, qu’il n’y a ni jeune homme, ni vieillard, à vingt milles à la ronde, qui ait un attelage comme le mien.

— Est-ce que par hasard vous voudriez le vendre à Mary Wallace ? demandai-je en souriant.

— Assurément, mon garçon, et non-seulement les chevaux, mais cette maison, et la vieille ferme, et deux ou trois magasins sur la rivière, et votre serviteur par-dessus le marché, si elle en voulait. Mais comme ces dames n’ont pas besoin de chevaux pour le moment, attendu qu’Herman Mordaunt en a d’excellents, qui même ont failli nous écraser, Corny, nous ajournerons la vente ; mais ce qui me ravirait, ce serait de conduire Mary et Anneke dans mon sleigh, avec cet attelage à moi, ne fût-ce que pendant quelques milles.

— Je ne crois pas que la négociation soit bien difficile. Les jeunes personnes aiment assez, d’ordinaire, ce genre de promenades.

— À voir l’ardeur du cheval qui est en tête, on dirait plutôt un colonel à la tête de son régiment, qu’un animal sans raison.