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bonheur de voir passer Anneke et son amie. Anneke était aussi fraîche, aussi ravissante que jamais. Je crus remarquer que les yeux de Mary Wallace cherchaient l’angle où Guert s’était placé, et qu’elle rougit en lui rendant son salut. Mais le tressaillement de surprise qui échappa à miss Mordaunt en me voyant ainsi inopinément devant elle, son regard enflammé, le sourire qu’elle m’adressa, tout me remplit d’une émotion que j’eus toutes les peines du monde à contenir.


CHAPITRE XII.


Le vin entre alors dans les têtes, et la raison déloge au plus vite. La sottise s’installe à sa place, et bientôt leurs plaisanteries ne sont plus que des blasphèmes.
La Société des amis de la Pointe.



Guert me jeta un regard expressif, au moment où le sleigh disparut derrière l’église. Il nous proposa alors de continuer notre promenade. En montant la grande rue, je ne fus pas médiocrement surpris de voir le genre d’amusement auquel se livrait toute la jeunesse d’Albany ; et je ne parle pas ici de garçons de douze à quatorze ans, mais de jeunes gens de dix-huit à vingt. Cet amusement consistait à glisser en traîneau du haut de la rue, dont la pente était très-rapide. Le point de départ n’était pas loin de l’église hollandaise, et l’impulsion donnée conduisait jusqu’au delà de l’église anglaise, distance qu’on pouvait évaluer à plus d’un quart de mille. Les chars variaient de dimension et de forme, suivant les personnes qui les occupaient. Certes, il n’était pas un enfant à New-York qui ne sût diriger ces frêles esquifs avec autant d’adresse que de facilité ; mais c’était la première fois que je voyais des grandes personnes prendre part à ce divertissement. La rigueur des hivers, cette côte qui se trouvait ainsi à portée, sans sortir de la ville, étaient sans doute les circonstances qui avaient amené cette innovation.