— C’est assez évident ; mais pourquoi n’êtes-vous pas revenu plus tôt ? voilà ma question.
— Voir le pays ; avoir été sur les bords du grand lac salé.
— Oh ! c’est la curiosité alors, qui a été la cause de votre absence.
— Nick, guerrier, pas femme ; pas curieux.
— Non non, je vous demande pardon, Nick ; — je ne vous accuse pas d’avoir des sentiments féminins ; loin de là, je sais que vous êtes un homme. Dites-nous d’où vous venez ?
— De Boston, répondit Nick sentencieusement.
— De Boston ! C’est vraiment un voyage. Nous n’avez probablement pas traversé Massachussetts avec mon fils.
— Nick allait seul. Deux routes ; une pour le major, une pour le Tuscarora. Nick arriver le premier.
— Je le crois. Vous étiez pressé. Vous questionna-t-on dans la route ?
— Oui. Dis que j’étais de Stokbridge. Faces Pâles savoir pas mieux, Nick adroit.
— Mon fils est-il arrivé à Boston avant que vous en soyez parti ?
— Il le dit à vous, répondit l’Indien en tirant une autre missive des plis de sa chemise de calicot.
Le capitaine reçut la lettre, qu’il lut avec autant de gravité que de surprise.
— C’est l’écriture de Bob, dit-il, c’est daté de Boston, 18 juin 1775, mais sans aucune signature.
— Lisez, cher Willoughby, s’écria la mère inquiète. Ces nouvelles nous intéressent tous.
— Des nouvelles, Wilhelmina oui, on peut dire que ce sont des nouvelles, mais elles n’en sont pas meilleures pour cela. Cependant, telles qu’elles sont, il n’y a aucune raison pour en faire un secret que le temps d’ailleurs ferait connaître, « Mon cher monsieur, Dieu merci, je suis sain et sauf. Mais nous avons eu beaucoup à faire. Vous connaissez les exigences du devoir. Mes affectueux compliments à ma mère et à Beulah, et aussi à ma chère et capricieuse Maud. Nick était présent, il vous dira tout sans rien augmenter ni rien diminuer. » Et aucune adresse ? pas de signature ? rien que la date. Qu’est-ce que cela veut dire, Nick ?