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jusqu’au moment où le torrent de l’immigration apporta avec lui des habitudes différentes, sinon tout à fait contraires. De ces deux sources divergentes découlèrent deux opinions bien tranchées : l’une qui porte le cachet profond de son origine anglaise et puritaine, l’autre qui est un reflet des usages et des opinions des états du Centre proprement dits.

Cette observation a pour but d’aller au-devant de certaines critiques qui seront faites sans doute sur quelques-uns des incidents de notre histoire ; car on n’exige pas toujours des aristarques américains qu’ils connaissent leur sujet. Il n’en est que trop qui justifient la repartie d’un plaisant à un de ses voisins qui croyait avoir la science infuse parce qu’il avait été au « conventicule » — et au « moulin » aussi. Nous pouvons tous obtenir quelques notions sur la partie d’un sujet qui est placée immédiatement sous nos yeux ; le difficile, c’est de comprendre ce que nous n’avons aucun moyen d’étudier.

Quant aux incidents nautiques de cet ouvrage, nous avons cherché à être aussi exact que nos autorités nous le permettaient. Nous savons combien il importe d’écrire ce que le monde croit vrai, plutôt que ce qui est vrai en effet, et nous ne sachons pas avoir aucune erreur palpable de cette nature à nous reprocher.

Faut-il avertir le lecteur que notre histoire n’est pas terminée dans cette première partie ? le plan de l’ouvrage ne le permettait pas ; mais nous pouvons assurer à ceux qui y prendraient quelque intérêt, que la saison ne se passera pas sans que la fin soit publiée. Le pauvre capitaine Wallingford est aujourd’hui dans sa soixante-cinquième année, et il a hâte d’en finir. Il a trop souffert pour n’avoir pas droit à quelque repos dans ses vieux jours.

L’auteur ne prend pas sur lui la responsabilité de toutes les opinions émises par le héros de cette histoire, et il le dit une fois pour toutes. Il n’est pas étonnant qu’un homme né pendant la révolution ne pense pas, sur une foule de points, comme les hommes de l’époque actuelle. C’est précisément dans cette différence d’opinions que consiste ce qu’on pourrait appeler la morale de l’ouvrage.


1er juin 1844.