Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 22, 1845.djvu/17

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


PRÉFACE.


Séparateur


L’auteur a publié tant d’histoires vraies que le monde a prises pour des fictions, et tant de fictions qui ont été reçues comme des histoires véritables, qu’il a résolu de ne pas s’expliquer aujourd’hui sur ce sujet. Libre à chacun de ses lecteurs de croire autant ou aussi peu qu’il voudra des aventures qu’il va lire, suivant ses idées, ses préjugés, sa connaissance ou son ignorance du monde. Si quelqu’un est disposé à jurer qu’il sait exactement où est situé Clawbonny, qu’il connaît le vieux M. Hardinge, bien plus, qu’il l’a souvent entendu prêcher, qu’il en prête serment, on ne demande pas mieux. S’il s’écarte un peu de la vérité, ce ne sera pas le premier acte de cette nature qui aura eu le même défaut.

Il est possible que certaines personnes pointilleuses demandent le cui bone d’un pareil livre ; voici la réponse : tout ce qui peut donner à l’esprit des idées claires et précises sur les événements, sur la société, sur l’histoire, dans leurs rapports soit avec les masses, soit avec les individus, est utile. Ce qui est nécessaire, c’est que les portraits soient vrais, quand même les originaux n’existeraient pas. Les connaissances que nous acquérons, même par des lectures futiles, nous servent souvent d’une manière et dans des occasions que nous ne soupçonnions pas à l’époque où nous les acquérions.

La plus grande partie peut-être de nos opinions personnelles sont fondées sur des préjugés. Ces préjuges naissent de l’impossibilité où nous sommes de tout voir et de tout connaître par nous-mêmes. Le mortel le plus favorisé reçoit de confiance plus de la moitié de ce qu’il apprend ; et il n’est pas sans utilité pour ceux qui peuvent ne jamais se trouver en position de connaître personnellement certaines phases dans l’histoire des peuples ou des individus, d’avoir des tableaux qui les leur mettent en quelque sorte sous les yeux. C’est le grand bienfait de la littérature légère en général, parce qu’il est possible de rendre ce qui est purement fictif plus utile même que ce