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garder de si près. Ce sont les balayures de Thames-Street et de Wapping, et la plupart seraient à présent à Botany-Bay, si l’on ne nous en avait fait présent.

— La loi qui veut qu’on soit en vue pour avoir droit aux parts de prise s’applique-t-elle aux canots ou aux bâtiments aujourd’hui, capitaine ?

— Aux canots, bien certainement ; sans quoi, qui diable voudrait y servir ? C’est une affaire pitoyable, au total, et il n’y a guère plus d’honneur à gagner que de profit. Cependant il ne faut pas que la vieille Écosse soit en arrière dans un combat corps à corps, et vous vous souviendrez qu’il faut soutenir la réputation que nous avons quand on en vient aux claymores ; ainsi, chacun de vous fera de son mieux.

Mac Bean se retira en faisant un signe affirmatif, et en se promettant de faire son devoir aussi méthodiquement que s’il s’agissait d’un calcul algébrique. Le second lieutenant de la Terpsichore était un jeune Irlandais ayant une voix douce et mélodieuse. Lorsque les canots partirent, il fut très-difficile de le maintenir en ligne ; il croyait de son honneur de marcher en tête, et stimulait ses canotiers à faire des efforts aussi pénibles qu’ils étaient inutiles en ce moment. Tel est l’aperçu des matériaux dont se composaient les forces anglaises, et des deux côtés on était alors prêt au combat. Si nous ajoutons qu’il était déjà deux heures, et que de part et d’autre on éprouvait quelque inquiétude relativement au vent qu’on pouvait attendre bientôt, nous aurons terminé les détails préliminaires.

Sir Frédéric Dashwood avait formé sa ligne à environ un mille en avant des rochers du côté de la terre, ayant placé une chaloupe au centre et une à chaque extrémité. Celle qui était au centre était commandée par O’Leavy, son second lieutenant ; celle à l’extrémité à gauche par Mac Bean, et celle à la droite par Winchester. De chaque côté de la chaloupe d’O’Leavy étaient les deux cutters de la Proserpine, et les deux autres canots remplissaient l’intervalle. Le commandant, sur son gig, allait d’une embarcation à l’autre, donnant des ordres, quelquefois un peu confus, mais toujours avec un ton d’indifférence et de contentement qui aidait à entretenir la gaieté générale. Lorsque tout fut prêt, il fit le signal d’avancer, et marcha lui-même en tête de la ligne, comme un ancien preux, pendant un demi-mille.

Raoul, à l’aide d’une longue-vue, avait observé avec une attention scrupuleuse jusqu’au moindre mouvement de l’ennemi ; rien n’avait échappé à son active vigilance, et il vit que sir Frédéric avait commencé