avec le lougre, et l’y amarra. Les hommes qui avaient accompagné Ithuel furent envoyés sous le pont pour prendre leur déjeuner, et Raoul invita l’Américain à partager le sien. Tout en faisant ce repas frugal, ils s’entretinrent de ce qui s’était passé pendant l’heure qu’avait duré leur séparation. Le rapport d’Ithuel à son commandant ne fut pas long ; mais celui-ci apprit avec une nouvelle inquiétude que tout l’équipage de la felouque s’était enfui sur un canot en les voyant arriver, convaincus que la prise du bâtiment était inévitable, et qu’ils étaient débarqués à Scaricatojo. Cela prouvait, qu’ils savaient quel était le bâtiment échoué sur les rochers des Sirènes, et l’on ne pouvait guère douter qu’ils n’en informassent les Anglais dans le cours de la matinée.
CHAPITRE XXVII.
a nouvelle que venait de lui annoncer Ithuel changea essentiellement
le point de vue sous lequel Raoul envisageait sa situation présente.
Un homme actif pouvait en une heure aller de la Marinella,
qui est au pied du Scaricatojo, endroit où l’équipage de la felouque
avait débarqué, à la Marina Grande de Sorrente. Là, on trouvait toujours
des bateaux prêts à partir, et deux heures de plus conduiraient
un messager aux vaisseaux à l’ancre près de Capri, même pendant
un calme. Une de ces heures importantes était déjà passée depuis
quelque temps, et il ne pouvait douter que des bras vigoureux ne
fussent déjà occupés à ramer pour traverser quelques lieues d’eau qui
séparaient Capri de la côte de Sorrente. Il était vrai qu’il faisait un
calme plat, et que les trois vaisseaux ne pouvaient mettre à la voile :
mais deux frégates et une corvette pouvaient envoyer contre lui sur
des canots une force contre laquelle toute résistance serait presque
inutile.
Raoul interrompit son déjeuner, et debout sur le couronnement il examina tout l’horizon sans rien apercevoir sur la mer. Ses braves matelots, ignorant tous les dangers qui les environnaient, prenaient leur repas du matin avec cette indifférence pour le péril qui caracté-