Un seconds coup partit, comme il prononçait ces mots, et il fut suivi d’un troisième au bout d’une demi-minute.
— C’est peut-être un salut, dit Griffin d’un ton d’inquiétude.
— L’intervalle est trop long. — Écoutez !
— J’espère que nous avons entendu le dernier.
Chacun était sur le qui-vive. — Cuff tira sa montre, et à chaque seconde qui s’écoulait, on voyait ses traits s’épanouir. Au bout de deux minutes, il leva les bras au ciel d’un air de triomphe.
— Tout va bien, Messieurs, s’écria-t-il. — Monsieur Winchester, faites reconduire le prisonnier sous le pont, à son poste. — Qu’on détache cette maudite corde, et qu’on envoie au diable ce chien de caillebotis ! — Monsieur Strand, congédiez l’équipage !
Raoul fut reconduit sur-le-champ dans la batterie. Comme il allait descendre par l’écoutille de l’arrière, tous les officiers qui étaient sur le gaillard d’arrière le saluèrent d’un air de félicitation, et il n’y eut pas un seul homme à bord de la frégate qui ne respirât plus librement, à la nouvelle du sursis accordé.
CHAPITRE XXIII.
aoul Yvard dut la vie en cette occasion, à la présence d’esprit et
à la prévoyance de Clinch. Sans les trois coups de canon tirés si à
propos à bord du Foudroyant, l’exécution aurait eu lieu, et sans la
prudence de l’aide-master ces trois coups n’eussent pas été tirés. Il
s’agit maintenant d’expliquer comment les choses se passèrent. Tandis
que Cuff donnait à Clinch ses instructions, il vint à l’esprit de celui-ci
que son retour pouvait être retardé par quelque incident imprévu,
et il demanda au capitaine si l’on ne pourrait prévenir ce danger par
quelque expédient. Cuff songea alors au signal de trois coups de canon,
et il en parla dans sa lettre à l’amiral, en insistant sur l’importance
de cette mesure. En arrivant à l’escadre, Clinch apprit que
Nelson était à Castellamare, et il fut obligé de s’y rendre par terre ;
Il l’y trouva à la suite de la cour, dans le palais de Qui-Si-Sane, et il