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que le coupable a été jugé avec impartialité et condamné, l’expiation de son crime l’attend avec une certitude et une énergie qui laissent dans tous les esprits l’impression que les châtiments sont destinés à produire. Que les Américains aient eu raison d’abroger des lois et des usages qu’ils avaient reçus de leurs ancêtres, c’est une chose aussi sûre qu’il est certain que chaque siècle a des intérêts différents d’un autre, une réunion de circonstances exigeant des principes qui ne sont plus d’accord avec celles qui les ont précédées ; mais on ferait bien aussi de se rappeler que, tandis que les changements sont aussi nécessaires dans l’ordre moral que l’exercice peut l’être dans l’ordre physique, il y a des vérités qui sont éternelles, et des règles de justice et de prudence dont on ne peut s’écarter impunément.

Quand le conseil de guerre s’assembla dans la chambre du conseil de la Proserpine, ce fut avec toutes les formes extérieures nécessaires pour commander le respect. Les officiers étaient en grand uniforme, les serments furent prêtés avec solennité ; la table était arrangée avec goût, et un air de gravité décente régnait sur toutes les physionomies. Cependant on ne perdit pas de temps sans nécessité, et l’officier qui avait été chargé de remplir les fonctions de prévôt reçut ordre d’amener les prisonniers devant le conseil.

Raoul Yvard et Ithuel Bolt arrivèrent au même instant, quoiqu’ils vinssent de différentes parties du bâtiment, et qu’on ne leur eût permis aucune communication ensemble. Dès qu’ils furent à leurs places on leur fut les actes d’accusation, et Raoul ayant déclaré qu’il savait l’anglais, on n’eut pas besoin de nommer un interprète, et les procès furent conduits dans la forme ordinaire. Comme Raoul devait être jugé le premier, et qu’Ithuel pouvait avoir à être appelé comme témoin, on fit retirer celui-ci, les conseils de guerre ne permettant jamais qu’un témoin entende la déposition d’un autre, quoiqu’on ait inventé depuis quelque temps un moyen ingénieux de suppléer aux oreilles en publiant de jour en jour dans les journaux tout ce qui se passe dans les conseils de guerre, quand une affaire ne peut se terminer en une seule séance.

— Maintenant, dit M. Medford, officier chargé de remplir les fonctions de procureur du roi, quand tous les préliminaires furent terminés, maintenant, nous ferons prêter serment au signor André Barrofaldi. — Voici une Bible catholique, Signor, et je vous indiquerai en italien les termes du serment, que vous répéterez après moi. Mais auparavant il faut que je prête serment moi-même comme interprète pour les témoins qui ne parlent pas anglais.

Ces deux serments ayant été prêtés, le procureur du roi fit à An-