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chaîne quitte les bords de la baie, suit la côte vers le sud ou s’étend dans l’intérieur du pays, et le rivage s’arrondissant au nord-ouest laisse entrevoir sur l’arrière-plan une large plaine, avant que l’œil arrive à une haute montagne isolée, de forme conique, qui, à proprement parler, commence la dentelure de la côte. L’œil de l’homme n’a jamais vu une réunion plus nombreuse de cités, de maisons, de villages et de vignobles, que celle que présentent les larges flancs de cette montagne solitaire, au delà de laquelle on obtient une vue plus étendue de la riche plaine qui semble cachée par derrière, et qui est terminée par la chaîne gigantesque des monts Apennins, comme par un mur lointain et mystérieux. Revenant vers le rivage, qui commence alors à incliner davantage à l’ouest, nous arrivons à une autre hauteur en tuf, qui à toute la fertilité caractéristique de cette formation particulière, ou une vaste cité, contenant près d’un demi-million d’âmes, est située, en proportion presque égale, sur les limites de la plaine et le long du bord de l’eau, ou sur les flancs de la montagne, les couvrant jusqu’à sa cime. À partir de ce point, la côte septentrionale de la baie est une masse confuse de villages, de villas, de palais, de ruines et de vignobles, jusqu’à ce que nous arrivions à son extrémité, qui est un promontoire peu élevé, comme son voisin du côté opposé. Une petite île vient ensuite, espèce de sentinelle placée par la nature ; après quoi la côte incline au nord, et forme une plus petite baie, riche jusqu’à satiété des restes du passé, et qui se termine à quelques milles plus loin par une pointe, formant une hauteur d’un sable rougeâtre, qui pourrait presque prétendre au nom de montagne. Après cela, nous voyons à l’ouest deux autres îles, dont l’une est plate, fertile et plus peuplée, dit-on, qu’aucune autre partie de l’Europe de même étendue, et l’autre est une glorieuse agglomération de montagnes à pic, de villes populeuses, de fertiles vallées, de châteaux, de maisons de campagne, et de matières volcaniques sorties du sein de volcans éteints depuis des siècles, le tout s’offrant aux yeux dans une confusion qui n’est ni sans grandeur ni sans beauté. Si le lecteur veut ajouter à cette description un rivage sur lequel il se trouve à peine une toise qui n’offre quelque souvenir intéressant des siècles passés, et, depuis les temps les plus reculés dont parle l’histoire jusqu’au moment actuel, — donner de la vie à la vue de la mer par une flotte de petits bâtiments à voiles latines, rendue de temps en temps plus pittoresque par l’apparition d’un grand bâtiment, — parsemer la baie d’une foule innombrable de bateaux pêcheurs, — et regarder une guirlande de fumée s’élever du haut de la montagne en cône qui est à l’entrée de la baie, — il se fera une