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— Ah ! le baroné ! s’écria Cuff, qui, dans ses rapports avec les Italiens du sud, ayant appris que ce mot signifiait également — fripon et baron, — aimait à l’employer quand il en trouvait l’occasion. Dites-moi, je vous prie, vitché, quel nom avait-il pris ? Cavendish-Howard-Seymour ? C’est quelqu’un de ces grands noms, Griffin, j’en réponds. Je suis surpris qu’il n’ait pas pris celui de Nelson.

— Non, Signor, il prit le nom de famille d’une autre race illustre, et se présenta devant moi sous le nom de sir Smit, fils de milordo Smit.

— Smit ! Smit ! je ne me souviens pas d’avoir vu un pareil nom sur la liste de la pairie d’Angleterre. Serait-ce Seymour que le vitché veut dire, Griffin ? C’est certainement un grand nom, et plusieurs membres de cette famille ont servi dans la marine. Il est possible que ce baroné ait eu assez d’impudence pour se donner le nom de Seymour.

— Je ne le crois pas, capitaine ; Smit est la manière dont les Français prononcent le nom de Smith ; et je suppose que ce M. Raoul s’est emparé du premier nom anglais qui lui est venu à l’esprit, comme un homme qui tombe par-dessus le bord s’accroche à une corde ou à une planche, et le hasard a voulu que ce nom fût Smith.

— Et qui diable a jamais entendu parler de lord Smith, Griffin ? Nous aurions une jolie espèce d’aristocratie, si l’on y trouvait des noms semblables !

— Le nom ne fait pas une grande différence, capitaine. L’essentiel, ce sont les actions et l’ancienneté de la famille.

— Et se donner un titre par-dessus le marché ! — sir Smit ! — J’ose dire qu’il aurait été prêt à faire serment que Sa Majesté l’a créé chevalier banneret, sous le pavillon royal et sur le pont du bâtiment qu’il commandait, comme cela est arrivé à quelques anciens amiraux. Cependant le vitché a oublié une partie de l’histoire, car ce devait être du moins sir John ou sir Thomas Smit.

— Non, capitaine, car les Français et les Italiens n’entendent rien à la manière dont nous employons les noms de baptême après un titre, de préférence aux noms de famille, comme sir Édouard, lord Harry, lady Betty.

— Au diable les Français ! Je puis croire tout ce que vous me direz d’eux ; mais j’aurais pensé que les Italiens en savaient davantage. — Maintenant il est à propos, Griffin, de faire comprendre au vitché de quel sujet nous venons de parler, car il pourrait trouver peu honnête que nous ayons ainsi causé ensemble ; — et en même temps chatouillez un peu son amour-propre en lui disant un mot de ses livres