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il était particulièrement exempt. Cependant l’habitude de la soumission à ses officiers supérieurs, et son respect pour la discipline, le mirent en état d’attendre les communications ultérieures que son ami pourrait juger à propos de lui faire. En ce moment la porte du salon s’ouvrit, et le jeune officier y entra, couvert de poussière, car il avait encore son habit de voyage. Sir Gervais n’eut besoin que de jeter un coup d’œil sur lui pour voir, à son air emprunté et à tout son extérieur, qu’il avait quelque chose d’important à lui dire, et il lui fit signe de garder le silence.

— Il s’agit du service public, sir Wycherly, dit le vice-amiral, et j’espère que vous nous excuserez pour quelques minutes. Je vous prie de vous mettre à table dès que le dîner sera servi, et de nous traiter en anciens amis, comme je vous traiterais si vous étiez à bord du Plantagenet. — Bluewater, serez-vous de notre conférence ?

Pas un mot de plus ne fut prononcé, et un instant après les deux amiraux et le jeune Wychecombe étaient dans le cabinet de toilette de sir Gervais Oakes. Celui-ci, se tournant vers le lieutenant, lui dit avec le ton d’autorité d’un officier supérieur :

— J’aurais commencé par vous reprocher d’avoir été si longtemps à exécuter votre mission, si les apparences ne me portaient à supposer que quelque chose d’important en a été cause. La malle avait-elle déjà passé lorsque vous êtes arrivé à votre destination ?

— Non, amiral Oakes ; et j’ai la satisfaction de pouvoir vous annoncer que vos dépêches sont en route pour Londres depuis plusieurs heures. Je les ai vu mettre dans la malle qui est arrivée un instant après moi.

— L’usage à bord du Plantagenet, jeune homme, est qu’un officier qui a été chargé d’une mission en vienne rendre compte à son officier supérieur aussitôt qu’il l’a accomplie.

— Je présume que c’est une coutume générale à bord de tous les bâtiments de Sa Majesté, sir Gervais ; mais on m’a appris aussi qu’un officier peut se permettre l’usage d’une discrétion convenable quand elle ne contrevient pas à des ordres positifs, et quelquefois même quand elle y contrevient, et qu’un officier se rend plus utile par ce moyen que par la plus servile soumission aux règles établies.

— La distinction est juste, monsieur Wychecombe, quoiqu’il soit peut-être plus sûr de la laisser faire à un capitaine qu’à un lieutenant. La discrétion signifie des choses différentes suivant les personnes. Puis-je vous demander ce que vous appelez discrétion, dans le cas actuel ?

— Vous avez tous les droits possibles de me faire cette question,