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réconcilié Galleygo avec sa situation présente ; mais il n’avait définitivement accepté ce poste que sous la condition qu’on ne le laisserait pas de côté, quand l’occasion exigerait les services des meilleurs marins. Il était aussi devenu une sorte d’homme à toute main à bord d’un bâtiment de guerre, étant au premier rang quand il s’agissait d’un abordage, montant sur les vergues pendant une tempête, étant chef d’une pièce de canon durant un combat, et retournant aux devoirs de maître d’hôtel quand le temps était beau, et qu’il n’y avait pas d’ennemis en vue. Il y avait près de trente ans qu’il était ainsi moitié marin, moitié maître d’hôtel quand il était sur mer ; tandis que sur terre il était plutôt le conseiller et le ministre de cabinet de son maître que son serviteur ; car, hors de son vaisseau, il n’était bon à rien, quoiqu’il n’eût jamais quitté Oakes plus d’une semaine de suite, soit à terre, soit sur mer. Le nom de Galleygo était un sobriquet que lui avaient donné ses compagnons quand il était gabier, et il avait été si généralement appelé ainsi, que, depuis vingt ans, on croyait presque universellement que c’était son nom de famille. Quand cet être amphibie, attaché à la chambre de l’amiral et au gaillard d’avant, reçut l’ordre que nous venons de rapporter, il toucha de la main une touffe de cheveux sur le côté de son front, cérémonial auquel il ne manquait jamais avant de parler à sir Gervais, son chapeau étant ordinairement laissé à deux ou trois brasses de distance, et lui fit sa réponse ordinaire.

— Oui, oui, amiral. — Votre Honneur lui-même a été jeune, et vous savez ce dont a besoin l’estomac d’un jeune homme, après six mois d’abstinence dans la baie de Biscaye. Je crois toujours qu’il ne nous reste que peu de chance, quand je vois dans nos eaux sept à huit de ces croiseurs. Ils ressemblent aux sloops et aux cutters d’une flotte, qui font toutes les prises.

— Cela est vrai, Galleygo ; mais si ce sont les sloops et les cutters qui font les prises, vous devez vous rappeler que l’amiral a sa part de toutes.

— Je sais fort bien que nous avons notre part, amiral ; mais c’est la loi qui nous l’accorde, et les commandants de ces bâtiments légers n’y peuvent rien faire. Qu’ils aient une fois la loi pour eux, et pas un penny ne tombera dans notre poche. Non, non ce que nous avons, nous l’avons de par la loi ; mais comme il n’y a pas de loi pour reprendre à un midshipman les choses sur lesquelles il a mis la main, Il n’y a rien à faire après eux.

— J’ose dire que vous avez raison, Galleygo, et vous l’avez toujours. Ce ne serait pas une mauvaise chose d’avoir un acte du parle-