Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/446

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

à tribord, et un autre qui nous envoyait des bordées par notre bossoir à bâbord ; nous n’avions plus un seul mât de hune, et une grêle de boulets tombait sur nous.

— Vous parlez comme un livre à présent, s’écria Galleygo brandissant sa canne en l’air et se promenant dans la petite chapelle d’un air de triomphe. C’est ainsi que les choses se sont passées ; j’en sais quelque chose, puisque j’y étais.

— Je suis sûr que je suis exact, dit sir Gervais.

— Exact ! Votre Honneur est plus exact qu’aucune des tables de loch de toute l’escadre. — Feu, sir Gervais ! feu de bâbord et de tribord !

— C’est ce que nous fîmes, continua le vieillard se levant d’un air majestueux, mais noble et gracieux, et respirant toute l’ardeur qui lui était naturelle. C’est ce que nous fîmes. Nous avions à droite de Vervillin, et Després à gauche, et la fumée nous étouffait. Bunting, — non, c’était le jeune Wychecombe qui était à mon côté, et il me dit, Monsieur, qu’un autre bâtiment français se glissait entre nous et le Pluton. À Dieu ne plaise ! pensai-je, car nous en avions déjà bien assez. Le voici qui arrive à travers la fumée, me dit-il, je le reconnais à son bout-dehors de clin foc. — C’est le vieux Romain, eh ! Wychecombe ? m’écriai-je, c’est le César ! Voilà Dick et le jeune Geoffrey Cleveland ; — il était de votre famille, duc. — Je vois Dick Bluewater, entre les apôtres, agitant son chapeau, hourra ! — Il est fidèle enfin, il est fidèle ; — hourra ! hourra !

La voix du vieux marin s’éleva comme le son bruyant d’un clairon, retentit sous toutes les arches de l’église de l’abbaye et fit tressaillir tous ceux qui s’y trouvaient, comme si une voix se fût élevée du fond des tombeaux. Sir Gervais lui-même parut surpris, et leva les yeux vers la voûte d’un air moitié égaré, moitié joyeux.

— Sommes-nous ici à Bowldero ou à Glamorgan-House, Milord duc ?

— Nous sommes dans l’abbaye de Westminster, amiral Oakes, sur le tombeau de votre ancien ami, le contre-amiral Richard Bluewater.

— Galleygo, aidez-moi à me mettre à genoux, dit le vieillard du ton d’un écolier qui vient d’être réprimandé. Le plus brave de nous doit s’agenouiller devant Dieu dans son temple. Pardon, Messieurs, je désire prier.

Le duc de Glamorgan et sir Wycherly Wychecombe aidèrent le vieillard à se mettre à genoux, et Galleygo, comme c’était sa coutume, s’agenouilla ensuite à côté de son maître, qui appuya sa tête