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ses deux filles avec une affection pleine de franchise, car son changement de condition n’avait rien changé aux habitudes de simplicité qu’il avait contractées dans la marine ; et il serra la main de sir Wycherly et de son fils avec la cordialité la plus aimable. Cette petite scène n’attira pas l’attention de sir Gervais, qui regardait le monument avec un air d’apathie.

— Galleygo, dit-il ; mais Galleygo s’était placé devant sir Wycherly, et lui offrait sa grande main, décharnée comme celle d’un squelette.

— Je vous reconnais, s’écria le maître d’hôtel en grimaçant ; je vous ai reconnu quand vous étiez encore au large dans l’église, mais je n’avais pu distinguer votre numéro. Eh bien, si cela ne rend pas les idées de sir Gervais plus nettes, et ne lui rappelle pas les anciens temps, je commencerai à croire que nous avons filé notre câble par le bout.

— Je lui parlerai, si vous le jugez à propos, duc, dit sir Wycherly.

— Galleygo, répéta sir Gervais, quel est l’imbécile qui a disposé ce câble ? Il a mis l’étalingure du mauvais côté.

— Oui, oui, sir Gervais, ce sont de grands ignorants que ces tailleurs de pierre, et ils ne se connaissent pas plus en vaisseaux que les vaisseaux ne les connaissent. — Mais voici le jeune sir Wycherly qui est venu pour vous voir. — Vous savez ? le neveu du vieux.

— Vous êtes le bienvenu à Bowldero, Monsieur. Ma maison est à peine digne de recevoir un hôte de votre mérite, mais telle qu’elle est, elle est à votre service. — Galleygo, comment m’avez-vous dit que Monsieur s’appelle ?

— Sir Wycherly Wychecombe, le jeune, car le vieux a coulé à fond la nuit que nous étions amarrés chez lui.

— J’espère, sir Gervais, que le temps ne m’a pas entièrement effacé de votre souvenir ; je regretterais beaucoup de le croire. Vous devez vous rappeler aussi mon pauvre oncle, qui est mort d’apoplexie en votre présence.

— Ah ! nullus, nulla, nullum. — C’est du bon latin, eh, duc ? nullius, nullius, nullius. — Ma mémoire est excellente, Messieurs. Nominatif, penna, génitif, pennœ, etc.

— Puisque vous manœuvrez votre latin, sir Gervais, je voudrais bien savoir si vous pourriez nous dire quelle est la différence d’un nœud à demi-clef à un nœud de tisserand ?

— C’est une question extraordinaire à faire à un vieux marin, Galleygo.

— Eh bien, si vous vous souvenez de cela, pourquoi ne pouvez--