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Wycherly parut aussi, avec sir Gervais Oakes, en tête du cortège nombreux qui accompagna le corps du contre-amiral Bluewater à sa dernière demeure. Ses funérailles eurent lieu dans l’abbaye de Westminster et eurent un caractère public. Les équipages des membres de la famille royale à qui les lois de l’étiquette de la cour ne le défendaient pas suivirent le cortège funèbre, et quelques personnages de cette famille que le défunt regardait comme ayant usurpé le trône assistèrent incognito à ses obsèques. Mais ce n’était après tout qu’une des nombreuses illusions que la grande mascarade de la vie offre constamment aux regards du monde.

On éprouva peu de difficulté pour établir les droits de Mildred à être considérée comme fille du colonel Bluewater et d’Agnès Hedworth. Lord Bluewater fut bientôt convaincu, et comme il se souciait fort peu de la succession de son parent, qu’il n’avait jamais ni désirée ni attendue, la meilleure intelligence régna entre lui et les nouveaux époux. On n’obtint pas si facilement le même succès avec la duchesse de Glamorgan : son esprit s’était trop imbu des idées d’un haut rang pour voir avec plaisir une nièce qui avait été élevée comme fille d’un master de la marine. Elle fit donc bien des objections, quoiqu’elle avouât qu’elle avait été confidente de rattachement de sa sœur pour le colonel Bluewater. Son second fils, Geoffrey, fit plus que tous les autres ensemble pour dissiper ses scrupules, et quand sir Gervais Oakes se rendit lui-même chez elle pour l’engager à examiner les preuves, elle sentit qu’elle ne pouvait s’y refuser. Elle avait l’esprit aussi juste qu’impartial ; elle trouva irrésistibles les preuves qui lui furent soumises, et elle céda sans balancer aux sentiments de la nature. Wycherly avait été infatigable à établir les droits de sa femme, et il y avait même attaché plus d’importance qu’aux siens. D’après l’avis du vice-amiral, ou pour mieux dire de l’amiral de l’escadre blanche, promotion qu’il venait d’obtenir, il avait consenti à l’accompagner à Glamorgan-Park dans cette visite, et il attendait dans un village voisin que sir Gervais lui fît savoir si sa présence serait agréable à la duchesse.

— Si ma nièce a des manières à moitié aussi prévenantes que mon neveu, dit la duchesse en appuyant sur ce dernier mot quand le jeune Virginien lui eut été présenté, rien ne pourra m’être plus agréable, sir Gervais, que cette nouvelle liaison ; il me tarde maintenant de voir ma nièce. La vue de sir Wycherly me prépare à trouver en elle une jeune femme d’un mérite peu commun.

— Je vous réponds sur ma vie, duchesse, qu’il n’a pas élevé trop haut votre attente. La pauvre femme demeure encore avec sa mère