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activité. Le Warspite guindait des mâts de hune de fortune ; les vergues de hune et les vergues basses étaient amenées sur le pont pour être jumelées, ou l’on gréait celles de rechange pour les remplacer. Le Plantagenet était prêt pour une nouvelle action, son gréement ayant été réparé et ses mâts bien jumelés. Il aurait fallu un œil exercé pour découvrir, même à peu de distance, que le César, le Carnatique, le Douvres, l’Élisabeth et deux ou trois autres vaisseaux venaient de prendre part à une action. Près du rivage, la mer était couverte de canots, et les maîtres-d’hôtel des capitaines et des officiers, ainsi que les mousses au service des midshipmen, étaient à fourrager, suivant la coutume, les uns dans l’honnête intention de se procurer des aliments convenables pour les blessés, les autres dans le dessein malicieux de contribuer au bien-être de ceux qui se portaient bien, en invoquant la compassion des femmes des environs en faveur des victimes de la guerre.

C’était principalement à la station qu’on remarquait les principaux changements occasionnés par ce nouvel état de choses. Cet endroit avait l’air d’un lieu où avait été établi le quartier-général d’une armée, dans les vicissitudes d’une campagne des marins belliqueux, sinon des soldats, s’y rendant en foule, comme à un point central d’intérêt et de nouvelles. Cependant il y avait une singularité remarquable dans la manière dont ces héros de l’Océan s’en approchaient ; la porte de la maison de Dutton semblait interdite, car bien peu de personnes s’y présentaient ; tandis que l’herbe qui croissait autour du mât aux signaux portait les marques des pieds nombreux qui l’avaient foulée. Cet endroit paraissait être un centre d’attraction. Des officiers de tout rang et de tout âge y arrivaient constamment, et s’en retournaient, leur physionomie exprimant l’inquiétude, le chagrin et la crainte. Malgré le renouvellement constant des individus, il n’y avait pas eu, depuis le lever du soleil un seul instant où une douzaine de marins, capitaines, lieutenants, masters et autres, n’eussent été réunis autour du banc placé au pied du mât aux signaux, et leur nombre s’était fréquemment élevé jusqu’à vingt.

À quelque distance de la foule et près du bord du plateau du promontoire, on avait dressé une grande tente. Un soldat de marine se promenait en sentinelle devant l’entrée. Un autre était placé de même devant la porte de la maison de Dutton, et quiconque voulait entrer soit dans la tente, soit dans la maison, à l’exception d’un petit nombre de privilégiés, devait s’adresser au sergent qui commandait le détachement de soldats. Leurs armes étaient en faisceau sur le gazon, et ceux qui n’étaient pas en faction se promenaient en