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Ce changement inattendu dans la direction et la force du vent coûta au Foudroyant son mât de misaine et causa d’autres avaries à différents vaisseaux ; mais, à force de soins et d’activité, tous les vaisseaux anglais tournèrent le cap vers le nord, tandis que la flotte française prit l’autre bord, gouverna presque au sud-ouest et chercha à gagner Brest. Ce changement de vent fut encore plus nuisible aux Français qu’aux Anglais, et quand les premiers entrèrent dans le port, comme ils le firent tous le lendemain, à l’exception d’un seul, trois vaisseaux étaient à la remorque, et n’avaient aucun autre mât que le beaupré.

Cette exception fut le Caton, vaisseau auquel M. de Vervillin mit le feu et qu’il fit sauter dans le cours de l’après-midi, à cause de ses avaries. Ainsi de douze nobles vaisseaux à deux ponts avec lesquels cet officier était parti de Cherbourg seulement deux jours auparavant, il n’en ramena que sept à Brest.

Les Anglais, de leur côté, n’étaient pas tout à fait sans embarras. Quoique le Warspite eût forcé le Téméraire à amener pavillon, il ne pouvait lui-même se maintenir sur l’eau sans la plus grande difficulté, et il fallut que d’autres vaisseaux lui envoyassent de l’aide. On réussit pourtant à boucher ses voies d’eau et alors on l’abandonna aux soins de son équipage. De tous les vaisseaux anglais, le Warspite était celui qui avait couru le plus grand danger.

Pendant la première heure qui suivit la fin du combat, notre amiral ne manqua pas d’occupation. Il fit faire un signal pour appeler la Chloé ; il passa à bord de cette frégate, suivi de Wycherly, des deux aides-timonniers, de Galleygo qui n’attendit pas son ordre pour l’accompagner, et des Bowlderos qui n’avaient pas été blessés, et y transporta son pavillon. Il passa alors de vaisseau en vaisseau pour s’assurer par lui-même de l’état véritable de ses forces. L’Achille le retint quelque temps et il était encore près de ce vaisseau, et sous le vent, quand le vent changea de nouveau, ce qui le mit au vent dans l’état actuel des choses. Il profita de cet avantage pour presser successivement tous ses vaisseaux de partir le plus vite possible ; et avant que le soleil fût sur le méridien, tous les vaisseaux anglais faisaient route vers la terre, dans l’intention d’entrer à Plymouth, s’il était possible, sinon de chercher le mouillage le meilleur et le plus voisin sous le vent. Leur marche, comme de raison, fut relativement lente, quoiqu’ils filassent environ cinq lieues par heure en ne serrant pas le vent.

Le master de la Chloé venait de prendre la hauteur du soleil pour s’assurer de la latitude, quand le vice-amiral ordonna à Denham de s’approcher à portée de héler le César. Ce vaisseau s’était dégagé du Pluton une demi-heure après la fin de l’action, et il était alors en tête