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Conquérant, qui était alors en tête des vaisseaux français. Pour que le lecteur comprenne plus facilement les incidents qui vont suivre, nous allons lui donner la liste des vaisseaux des deux escadres, dans l’ordre où ils étaient placés au commencement du combat.

Le Plantagenet. — L’Éclair.

Le Warspite. — Le Téméraire.

Le Blenheim. — Le Duguay-Trouin.

Le Foudroyant. — L’Ajax.

L’Achille. — Le Conquérant.

Les décharges continuelles de quatre cents pièces de grosse artillerie dans un si petit espace produisirent l’effet de repousser les courants d’air réguliers, et de changer une brise à filer six ou sept nœuds en une qui ne donnerait à un bâtiment que la vitesse nécessaire pour en filer deux ou trois. Ce fut le premier phénomène remarquable de cette action ; mais, comme sir Gervais l’avait prévu, il avait pris la précaution de placer ses vaisseaux, autant que possible, dans les positions où il désirait qu’ils combattissent. Une autre grande suite physique de cet arrangement, également prévue et naturelle, mais qui produisit un grand changement dans l’aspect du combat, fut le nuage de fumée dans lequel les dix vaisseaux se trouvèrent enveloppés. Aux premières bordées que s’envoyèrent les deux amiraux, des volumes de légères vapeurs routèrent sur la mer, se rencontrèrent, et, s’élevant ensuite en guirlandes, ne laissèrent plus voir à chaque vaisseau que les mâts et les voiles de son adversaire. Cette circonstance aurait bientôt suffi pour cacher les combattants dans le sein d’un nuage presque impénétrable ; mais à mesure que les vaisseaux avançaient, ils entraient davantage sous ce dais sulfureux, qui finit par s’étendre sur chacun d’eux et leur ôter la vue de la mer, du ciel et de l’horizon. Les amorces brûlant dans les batteries basses contribuaient à augmenter la fumée, et non-seulement rendaient fréquemment la respiration difficile, mais faisaient que ceux qui combattaient à quelques pieds les uns des autres ne pouvaient se reconnaître. Au milieu de cette scène ténébreuse, et d’un bruit qui aurait pu jeter l’alarme dans les cavernes de l’Océan, les marins actifs et expérimentés continuaient à servir leurs lourdes pièces d’artillerie, et remédiaient à la hâte aux avaries qui avaient lieu dans le gréement, chacun étant aussi attentif à s’acquitter de son devoir personnel que s’il se fût agi de manœuvrer pour résister à un coup de vent ordinaire.

— Sir Wycherly, dit le vice-amiral, un officier chargé des signaux