Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/375

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

répété par la Chloé, l’Actif et le Driver, qui étaient tous trois à la cape à un quart de mille au vent, chargés particulièrement de ce devoir entre plusieurs autres. Ce signal était si bien connu, qu’on n’ouvrit pas un seul livre des signaux dans toute l’escadre ; mais tous les vaisseaux y répondirent dès l’instant qu’ils purent voir les pavillons, et l’on entendit aussitôt sur toute la ligne appeler tout le monde pour faire branle-bas de combat.

Dès que cet ordre eut été donné à bord du Plantagenet, ce vaisseau devint une scène d’activité qui n’excluait pas l’ordre. Les gabiers étaient sur les vergues, occupés à bosser partout, à passer les manœuvres de combat, en mettant aux basses vergues les suspentes en chaînes. Pour empêcher les boulets de faire plus de mal qu’il n’était inévitable, les cloisons furent démontées, les coffres des matelots et tous les objets à usage personnel disparurent de la batterie basse, et les ponts furent dégagés de tout ce qui était portable et qui n’était pas nécessaire pour un combat. Un bon quart d’heure se passa ainsi, car on ne fit rien à la hâte, et comme ce n’était pas un moment de parade, il était nécessaire que l’ouvrage fût bien fait. Les officiers défendaient qu’on se pressât, et rien d’important ne fut annoncé comme terminé avant que l’un d’eux eût vérifié de ses propres yeux si rien n’avait été négligé. M. Bury, le premier lieutenant, monta ensuite lui-même sur la grande vergue pour voir de quelle manière elle avait été assujettie, et il envoya le maître d’équipage sur l’avant pour y faire une semblable inspection. C’étaient des précautions extraordinaires ; mais il avait circulé de bouche en bouche à bord du Plantagenet que sir Jarry avait l’air sérieux, et quand sir Jarry était dans cette humeur, on savait que la besogne de la journée serait sérieuse, si elle n’était longue.

— Votre déjeuner est prêt, sir Gervais, dit Galleygo, et comme on n’a rien laissé sur les ponts, il est possible que les mousses ne laissent rien dans les casseroles ; c’est pourquoi je viens vous demander quand je puis le servir ?

— Servez sur-le-champ, Galleygo, et dites aux Bowlderos d’être lestes et de nous attendre en bas. Venez, Greenly ; — suivez-nous, Wychecombe ; — nous sommes les derniers à déjeuner, ne soyons pas les derniers à notre poste.

— Le branle-bas de combat est fait, capitaine, dit Bury à Greenly, tandis qu’ils traversaient le gaillard d’arrière pour aller déjeuner.

— Fort bien, Bury quand on fera à la flotte le signal pour que chacun soit à son poste de combat, nous y obéirons comme les autres.

En parlant ainsi, Greenly leva les yeux sur le vice-amiral, comme pour lui demander ses intentions. Mais sir Gervais n’avait pas dessein