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Le capitaine Sterling fit le rapport que son bâtiment n’avait souffert aucune avarie, qu’il n’avait pas même un seul blessé à bord, et qu’il était en état de service comme à l’instant où il était sorti du port.

— Tant mieux, Sterling, tant mieux. Ce sera vous qui soutiendrez le premier feu dans la prochaine affaire, pour vous donner une autre chance. Je compte sur le Blenheim et sur son capitaine.

— Je vous remercie, amiral. Mais à propos, ne serait-il pas bon de visiter les caisses de la prise avant qu’elle passe par les mains des officiers de la douane. Elle doit avoir de bon bordeaux à bord ; et, en pleine mer, ce ne serait pas contrebande.

— Ce serait — piller une prise, — Sterling, répondit le vice-amiral en riant, car il savait que le capitaine faisait une plaisanterie plutôt qu’une proposition sérieuse, et en pareil cas il y a peine de mort, sans bénéfice de clergé. — Avancez ; voici Goodfellow qui arrive sur vos talons.

Le dernier vaisseau de la ligne anglaise était le Warspite, capitaine Goodfellow, officier qui s’était rendu remarquable à cette époque dans le service par — une tournure religieuse, — comme on le disait. Comme c’est l’ordinaire aux hommes de ce caractère, Goodfellow était tranquille, réfléchi et attentif à son devoir, et cette dernière circonstance en avait fait un des favoris du vice-amiral. Peut-être avait-il l’air moins marin que quelques-uns de ses compagnons ; mais son vaisseau était toujours dans le meilleur ordre, et il faisait grande attention aux signaux. Après lui avoir fait les mêmes questions qu’aux autres, et avoir entendu ses réponses, sir Gervais l’informa qu’il avait dessein de changer quelque chose à l’ordre de marche, de manière à le placer à l’avant-garde.

— Nous donnerons au vieux Parker un instant pour reprendre haleine, ajouta le commandant en chef, et vous serez mon matelot de l’arrière. Il faut que je marche en tête de vous tous, sans quoi vous vous jetteriez tous sur les Français sans en attendre l’ordre, sous prétexte que la fumée vous empêche de voir les signaux.

Le Warspite fila en avant, et le Plantagenet n’avait plus qu’à recevoir la visite de la prise et du Druide ; car aucun signal n’avait été fait à la Chloé, à l’Actif et au Driver. Daly avait graduellement gagné au vent sur les autres bâtiments, comme nous l’avons déjà dit, et quand l’ordre fut donné de passer à portée d’être hélé, il ne fut pas peu contrarié d’être obligé de perdre l’avantage qu’il avait gagné. Néanmoins il ne pouvait plaisanter avec le commandant en chef dans une pareille affaire, et il fut obligé de carguer ses basses voiles, et d’attendre le moment où il pourrait s’approcher. Après le départ du