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ma coque aucun trou fait par un boulet. — Sir Wycherly, ces œufs viennent de votre domaine. Il s’y trouve de bonnes choses, et Galleygo y a tout mis à contribution. Goûtez-les, Greenly, comme venant du domaine de notre ami.

— Sir Wycherly est heureux d’avoir un domaine. Peu d’officiers de son rang peuvent se vanter du même avantage, quoique cela puisse arriver de temps en temps à un vieil officier.

— Cela est assez vrai, Greenly. L’armée accapare presque toutes les fortunes ; car les gens riches aiment les bons cantonnements et les bals de comté. J’étais un fils cadet quand on me fit entrer dans la marine ; mais je devins ensuite baronnet, et baronnet ayant une assez belle fortune, quand je n’étais encore que midshipman. Je n’avais que seize ans quand le pauvre Jocelin mourut, et à dix-sept on me fit officier.

— Oui, et nous ne vous en aimons que mieux, sir Gervais, pour ne pas nous avoir abandonnés quand la fortune vint à vous. Lord Morganic était capitaine quand il hérita de son titre, ce qui fait que nous lui en savons moins de gré.

— Lord Morganic reste au service pour nous apprendre à tenir les mâts de hune en étais, et à peindre les figures de nos bâtiments, dit sir Gervais d’un ton un peu sec, et pourtant il a bien manœuvré son vaisseau ce matin, et il a tiré de ce mauvais temps un bien meilleur parti que je ne croyais qu’il fût en état de le faire.

— J’apprends qu’il est-probable que nous aurons bientôt un autre duc dans la marine, sir Gervais ; c’est un poisson qui ne tombe pas souvent dans nos filets.

Sir Gervais attachait beaucoup moins d’importance au rang que Bluewater ; cependant il leva les yeux sur le capitaine, comme pour lui demander de qui il voulait parler.

— On m’assure, continua Greenly, que lord Montrésor, frère aîné d’un midshipman, lord Geoffrey, qui sert à bord du César, est fort mal, et je crois que ce jeune homme a trop d’ardeur et de courage pour quitter le service, maintenant qu’il est presque en état d’être lieutenant.

— Oui, Bluewater dit que c’est un jeune homme qui promet beaucoup, et qui donne de grandes espérances, dit le vice-amiral d’un air pensif et distrait. Dieu veuille qu’il n’oublie pas cela entre autres choses ! Je crois que ni l’amiral Bluewater, ni le capitaine Stowel n’ont égard au rang de ceux qui servent sous leurs ordres, et qu’ils exigent que tous fassent indistinctement leur service. — Mais voici Bunting qui vient vous faire un rapport.