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— Monsieur Bunting, dit sir Gervais quand la distance entre le Plantagenet et le Téméraire, vaisseau de tête de la ligne française, ne fut guère que d’une lieue ; eu égard à la différence de leur ordre de marche en ligne ; — monsieur Bunting, préparez le signal pour faire le branle-bas général de combat, chacun à son poste.

Personne n’osa faire d’observations sur cet ordre, et il fut exécuté en silence et avec célérité.

— Le signal est prêt, sir Gervais, dit Bunting aussitôt que le dernier pavillon fut frappé.

— Faites-le hisser sur-le-champ, Monsieur, et surveillez avec soin tous les signaux d’attention. — Capitaine Greenly, faites appeler tout le monde à son poste de combat et que la batterie basse soit également prête pour être en mesure de s’en servir si la possibilité s’en présente. Nos hommes peuvent se tenir sur leurs jambes dans la batterie basse, mais il serait dangereux d’en ouvrir les sabords.

Le capitaine Greenly passa de la dunette sur le gaillard d’arrière, et une minute après le tambour et le fifre firent entendre l’air qui est connu dans tout le monde civilisé comme l’appel aux armes. Dans la plupart des services, cet appel se fait par le tambour seul, qui rend des sons auxquels l’imagination a attaché des mots particuliers ; ceux des soldats français étant — prends ton sac — prends ton sac — prends ton sac, — expression qui n’est pas mal représentée par le son ; mais à bord des bâtiments anglais et américains, cet appel du tambour est accompagné par le fifre — au son perçant, — qui lui donne une mélodie qui y manquerait sans cela.

— Toute la flotte a répondu au signal, sir Gervais, dit Bunting.

Le vice-amiral ne répondit à ce rapport que par une légère inclination de tête. Cependant, un moment après, il se tourna vers l’officier chargé de ses signaux, et lui dit :

— Je crois, Bunting, qu’aucun capitaine n’a besoin d’un signal pour lui dire de ne pas ouvrir les sabords sous le vent de sa batterie basse, avec une pareille mer ?

— Je le crois aussi, sir Gervais, répondit Bunting, regardant en souriant la mer, dont les flots se soulevaient, chaque minute, de manière à paraître à la hauteur des prélarts de bastingage ; — les matelots chargés de servir les canons de la batterie basse auraient un peu d’humidité.

— Monsieur Bunting, faites le signal pour que tous les vaisseaux en arrière se tiennent dans les eaux du vice-amiral. — Et vous, jeune homme, dit-il au midshipman qui lui servait d’aide de camp dans tous les engagements, allez dire au capitaine Greenly que je dé-