Il y en avait un sur le gaillard d’avant, appuyé contre le mât, et songeant aux douceurs de la maison paternelle ; un autre, sur le pont, se soutenait à l’aide des filets de bastingage ; un troisième se promenait sous le vent sur le gaillard d’arrière, les yeux à demi fermés, ses pensées en confusion, et sa marche incertaine. Quand Bluewater s’avança vers l’échelle du gaillard d’arrière pour descendre dans sa chambre, ce dernier midshipman se heurta le pied contre un piton, trébucha, et se jeta sans le vouloir contre l’amiral qui lui évita une chute en le retenant dans ses bras, et ne le lâcha qu’après l’avoir bien assuré sur ses jambes.
— On vient de piquer sept coups, Geoffrey, lui dit Bluewater à demi-voix. Tenez bon encore une demi-heure, et alors vous irez rêver à votre mère.
Avant que le jeune homme pût lui faire ses remerciements, le contre-amiral avait disparu.
CHAPITRE XX.
e lecteur se rappellera que le vent n’avait pas encore fraîchi,
quand sir Gervais Oakes entra dans sa barge, dans l’intention d’appareiller
et de prendre la mer avec son escadre. Il est donc nécessaire
que son esprit se reporte en arrière au moment du départ du
vice-amiral, et qu’il se rappelle quel était alors l’état du temps, maintenant
qu’il est de notre devoir de le transporter en imagination
précisément à cet instant.
Sir Gervais dirigeait une escadre d’après des principes tout différents de ceux de Bluewater. Tandis que celui-ci s’en rapportait sur tant de points aux capitaines de ses vaisseaux, le premier veillait à tout par lui-même. Il savait que le soin des moindres détails était indispensable pour assurer de grands succès, et son esprit actif descendait jusqu’à ce qu’on aurait pu appeler des minuties, à un point qui quelquefois déplaisait à ses capitaines. Au total, cependant, il