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mettions jamais le pied sur une enfléchure sans que nos mains et nos yeux fussent occupés en même temps jusqu’à ce que nous fussions en haut, quand c’eût été la pomme du mât. C’est ainsi que vous apprendrez de quoi est fait un bâtiment.

— Mes mains et mes yeux ne manquaient pas d’occupation, capitaine ; les unes pour me tenir, et les autres pour chercher ce que je voulais découvrir.

— Ce n’est pas cela, non ce n’est pas cela qu’il faut faire, si vous voulez être bon marin. Commencez d’abord par bien connaître tout ce qui concerne votre vaisseau, et quand vous serez amiral, comme le fils de votre père, milord, est sûr de le devenir, il sera assez temps de vous inquiéter du reste de la flotte.

— Vous oubliez, capitaine Stowel, que…

— Suffit, suffit, lord Geoffrey, dit en souriant le contre-amiral qui savait que Stowel ne prêchait que ce qu’il pratiquait lui-même ; si je suis satisfait de votre rapport, personne n’a le droit de s’en plaindre. Allez prier sir Wycherly-Wychecombe de venir me trouver sur le pont. Nous allons y monter ensemble, Stowel, pour voir de nos propres yeux ce que le temps nous promet.

— De tout mon cœur, amiral Bluewater. Mais, pour faire mes adieux à cet excellent vin, j’en boirai un verre à la santé du premier lord de l’amirauté. Il y a du bon dans ce jeune homme, en dépit de sa noblesse ; et en lui tenant la main ferme à l’occasion, j’espère encore en faire un homme.

— Et s’il ne le devient pas au physique et au moral d’ici à quelques années, capitaine, ce sera le premier individu de sa famille qui y aura jamais manqué.

Tout en parlant ainsi, Bluewater sortit de sa chambre avec le capitaine, et ils se rendirent tous deux sur le gaillard d’arrière. Stowel s’y arrêta pour avoir une consultation avec son premier lieutenant et l’amiral monta l’échelle de la dunette pour aller joindre Cornet. Celui-ci n’ayant rien de nouveau à lui communiquer, Bluewater lui permit de descendre sur le pont, et le pria d’informer sir Wycherly que le contre-amiral l’attendait sur la dunette.

Il se passa quelques minutes avant que M. Cornet pût trouver le jeune Virginien, qui s’empressa de se rendre près de Bluewater. Ils eurent une conversation particulière qui dura une bonne heure, après quoi Cornet fut rappelé à son poste ordinaire. Il reçut l’ordre d’informer le capitaine Stowel que le contre-amiral désirait qu’il mît le César en panne, et qu’il signalât à la frégate le Druide de passer en poupe de l’amiral et de mettre en panne sous le vent, son grand hu-