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— Oui, je sais qu’on a parlé à bord de quelque chose de semblable ; mais on débite dans cette escadre tant de nouvelles de cuisine que je n’y fais jamais beaucoup d’attention. Un de nos officiers a parlé aussi d’un bruit qui court, et d’après lequel il semblerait qu’il y a en Écosse une sorte de mutinerie. — Mais à propos, amiral, il nous est arrivé à bord un lieutenant surnuméraire, et comme il nous a rejoints sans ordres, je ne sais où le loger, ni à quelle table le mettre. Nous pouvons lui donner l’hospitalité cette nuit ; mais demain matin je serai obligé de l’inscrire régulièrement sur le rôle de l’équipage.

— Vous voulez parler de sir Wycherly Wychecombe ; je lui donnerai une place à ma table plutôt que de vous causer aucun embarras.

— Je n’aurai pas la présomption de me mêler de qui que ce soit que vous puissiez juger à propos d’inviter dans votre chambre, amiral, répondit le capitaine en saluant d’un air roide, comme pour faire des excuses. — Je dis toujours à mistress Stowel que je suis le maître dans ma chambre, et que ma femme même n’a pas le droit d’y entrer un balai à la main.

— Ce qui est un grand avantage pour nous autres marins, car cela nous laisse une citadelle où nous pouvons nous réfugier, quand l’ennemi s’est emparé des ouvrages avancés. — Vous ne paraissez pas prendre grand intérêt à cette guerre civile, Stowel ?

— Cela est donc vrai, après tout ? Je supposais que c’était quelqu’une des nouvelles de cuisine dont je vous parlais. Eh bien ! amiral Bluewater, de qui est-il question ? Je n’ai écouté l’histoire qu’à demi, et je n’y ai pas compris grand’chose.

— C’est uniquement une guerre pour décider qui sera roi d’Angleterre, capitaine Stowel, rien de plus, je vous assure.

— Eh bien ! amiral, s’il faut dire la vérité, tous ces fainéants, qui vivent constamment à terre, sont des gens difficiles à contenter. Nous avons déjà un roi et d’après quel principe peut-on en désirer davantage ? J’ai causé un instant de cette affaire cette après-midi avec Blakely, capitaine de l’Élisabeth, qui était venu me voir, et nous avons conclu l’un et l’autre que ce sont les fournisseurs du gouvernement et les entrepreneurs des approvisionnements pour les troupes, qui mettent en train de pareilles billevesées pour pêcher en eau trouble, et en faire leur profit.

Bluewater écouta ce discours avec beaucoup d’intérêt, car il y trouvait la preuve que deux de ses capitaines, au moins, seraient complétement à sa disposition, et ne songeraient guère, du moins