Page:Cooper - Œuvres complètes, éd Gosselin, tome 20, 1843.djvu/262

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« Tenez-vous dans les eaux du contre-amiral dans l’ordre de marche naturel. » — Je suis sûr que le numéro est 204.

— Vous avez raison, amiral. — Ferai-je le second signal, dès que tous les bâtiments auront répondu au premier ?

— C’est mon intention, Cornet. Quand tous auront répondu au second, faites-le-moi savoir.

M. Cornet se retira, et Bluewater, se jetant sur un fauteuil, se livra de nouveau à ses réflexions. Pendant une bonne demi-heure, l’officier des signaux et les deux aides-timonniers furent occupés sur la dunette du service lent et difficile de faire des signaux de nuit, d’après la méthode alors en usage. Il se passa quelque temps avant que le vaisseau le plus éloigné, le Douvres, indiquât qu’il avait compris le premier signal, et il mit le même retard à répondre au second. Enfin la sentinelle ouvrit la porte de la chambre du capitaine, et l’officier des signaux y rentra. Pendant son absence sur le pont, le contre-amiral n’avait pas changé d’attitude, et à peine l’aurait-on entendu respirer. Ses pensées étaient bien loin de ses bâtiments, et depuis les dix ans qu’il arborait le pavillon amiral, il avait pour la première fois oublié les ordres qu’il venait de donner.

— Tous les bâtiments ont répondu aux signaux, amiral, dit Cornet en s’avançant vers la table sur laquelle Bluewater avait les coudes appuyés. — Le Dublin est déjà dans nos eaux, et l’Élisabeth qui nous reste par la hanche du vent, vient rapidement sur nous ; il sera à son poste dans dix minutes.

— Et quelles nouvelles de l’York et du Douvres ? demanda Bluewater, sortant de son état d’abstraction.

— Le fanal de l’York s’approche évidemment de nous, mais celui du Douvres est comme une étoile fixe ; il est encore comme lorsque nous l’avons vu pour la première fois.

— C’est toujours quelque chose de l’avoir vu ; je ne croyais pas qu’on pût le voir du pont.

— Cela serait impossible, amiral ; mais en montant une demi-douzaine d’enfléchures, on peut l’apercevoir. Le capitaine Drinkwater hisse toujours ses fanaux au bout de la corne, et je puis toujours, dans les mêmes circonstances, les voir dix minutes plus tôt que ceux d’aucun autre bâtiment de l’escadre.

— Drinkwater est un officier très-attentif à toutes les parties de son service. Le changement dans le relèvement de son feu est-il assez sensible pour indiquer la route qu’il suit ?

— Je crois qu’oui, amiral ; mais comme sa route est perpendiculaire à notre travers, ce changement ne peut se faire remarquer que lente-