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bâtiment anglais, qu’un Français ne pourrait se faire passer pour un de nos compatriotes. Nous ne sommes pas si faciles à tromper, nous autres marins. Il est pourtant vrai qu’une flotte peut gouverner d’un côté jusqu’à ce qu’elle soit à une distance convenable de la terre, ou que la nuit couvre ses mouvements, et alors changer de route tout à coup ; et il peut se faire que le comte de Vervillin ait eu recours à quelque stratagème de ce genre ; cela est même tout à fait probable, s’il est instruit du projet de jeter des troupes allemandes en Angleterre. En ce cas, je lui souhaiterais, quant à moi, tout le succès possible.

— Eh bien ! mon cher Monsieur, qu’est-ce qui pourrait l’empêcher de réussir ? demanda le baronnet avec un ton de triomphe qui n’avait rien d’affecté. — Rien, direz-vous, à moins qu’il ne rencontre sir Gervais Oakes. Mais vous n’avez pas répondu à ma question sur la manière dont l’autorité se partage en mer entre deux amiraux.

— À peu près de même que dans l’armée de terre ; l’officier supérieur commande, et l’inférieur obéit.

— Cela est vrai ; mais ce n’est pas répondre à ma question. Il y avait ici ce matin onze vaisseaux de ligne : Oakes et vous, vous avez chacun sous vos ordres un certain nombre de ces bâtiments ?

— Sans contredit. Sir Gervais a sous ses ordres une division de six vaisseaux de ligne, et il m’a laissé les cinq autres. Chacun de nous a en outre une frégate et quelques petits bâtiments. Mais tout ordre que le commandant en chef peut juger à propos de donner à tel capitaine que ce soit, doit être exécuté, car l’officier inférieur doit toujours obéir au dernier ordre ! c’est la règle.

— Et vous, reprit sir Reginald avec vivacité, quelle est votre situation à l’égard des capitaines de la division de sir Gervais.

— Si je donnais un ordre direct à l’un d’eux, il serait certainement tenu d’y obéir. Mais les circonstances pourraient l’obliger à me faire, savoir qu’il a des instructions différentes de notre commandant en chef, et alors mon devoir serait d’y déférer. Mais pourquoi toutes ces questions, sir Reginald ?

— Un moment de patience, mon cher amiral. Quels vaisseaux avez-vous spécialement sous vos ordres ?

Le César qui est celui que je monte ; le Dublin, l’Élisabeth, l’York et le Douvres ; à quoi il faut ajouter le Druide, le cutter la Mouche et un sloop armé en guerre ; ce qui porte ma division à huit bâtiments.

— Quelle force magnifique et l’avoir à sa disposition dans un tel moment de crise ! Mais où sont tous ces bâtiments ? je n’en vois que