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— Je n’en ai fait ni n’en ferai aucune. Dans quelques circonstances que ce puisse être, je n’aiderai jamais un bâtard à se mettre à la place qui ne doit être occupée que par un descendant légitime de ma famille. Nous voulons rétablir des droits légaux et naturels, mon cher amiral, et les moyens à employer ne doivent pas être indignes du but que nous nous proposons. D’ailleurs, je sais que le drôle ne mérite aucune confiance, et je ne ferai pas la sottise de me mettre en son pouvoir. J’aurais désiré que notre jeune marin pensât différemment ; mais en le laissant aller sur mer, comme il en a le désir, nous le mettrons du moins hors d’état de nous nuire.

En tout cela, sir Reginald était parfaitement sincère ; car, quoiqu’il n’hésitât pas toujours sur le choix des moyens en affaires politiques, il était rigoureusement honnête en tout ce qui concernait la propriété privée ; espèce de contradiction morale qu’on trouve fréquemment dans les hommes qui visent à administrer les affaires de ce monde, puisqu’il arrive souvent que ceux qui sont presque irréprochables sur tout autre point, cèdent alors à un faible qui les domine. Bluewater fut charmé d’entendre le baronnet faire cette déclaration, son caractère simple et franc le portant à s’imaginer que c’était un indice de la probité de son compagnon en toute chose.

— Oui, dit le contre-amiral, nous devons dans tous les cas, soutenir les lois du pays dans une affaire de droit privé. Ce jeune marin n’est peut-être pas en état de se faire une juste idée de ses devoirs politiques dans une crise comme celle-ci ; et il vaut peut-être mieux pour lui que nous le laissions aller en mer, de peur qu’en embrassant le parti qui aura le dessous, il ne compromette ses droits sur son domaine avant d’en être en possession paisible. — Et maintenant que nous avons pris un parti à l’égard de sir Wycherly, que puis-je faire pour servir une cause si juste et glorieuse ?

— C’est en venir au point franchement, sir Richard. — Je vous demande pardon de vous donner ce titre ; mais je sais de bonne part que votre nom a été mis il y a déjà quelque temps sous les yeux du Prince comme celui d’un des hommes qui méritent de recevoir le ruban rouge d’un souverain réellement autorisé à l’accorder. Si j’ai parlé un peu prématurément, encore une fois pardon. Mais, je le répète, c’est en venir franchement au point. Oui, sans doute, vous pouvez nous servir, et cela très-efficacement et de la manière la plus importante. Je regrette beaucoup maintenant que mon père ne m’ait pas fait entrer dans l’armée quand j’étais jeune, j’en serais plus en état de servir mon prince comme je le désire dans cette entreprise dangereuse. Mais nous avons un grand nombre d’amis habitués à porter