que je sacrifierais volontiers ma vie pour voir la famille exilée rétablie sur le trône.
— Ce langage est noble, franc et loyal, et c’est ce que j’attendais d’un marin, s’écria sir Reginald plus enchanté qu’il ne savait comment l’exprimer en ce moment. Cette simple assurance, sortie de votre bouche, a plus de poids que tous les serments et toutes les garanties des conspirateurs vulgaires. Nous nous entendons l’un l’autre à présent, et je serais bien fâché de vous inspirer moins de confiance que je n’en éprouve.
— Quelle meilleure preuve puis-je vous donner de ma confiance en vous, que la déclaration que vous venez d’entendre, sir Reginald ? Ma tête tomberait avant la fin d’une semaine, si vous me trahissiez ; mais jamais je ne l’ai sentie mieux assurée sur mes épaules qu’en ce moment.
Le baronnet lui saisit la main et ils se la serrèrent mutuellement d’une manière suffisamment expressive. Ils continuèrent à se promener pendant une bonne minute, d’un air pensif, et en silence.
— L’apparition soudaine du prince en Écosse nous a pris tous un peu par surprise, dit enfin sir Reginald, quoique quelques-uns de nous n’ignorassent pas qu’il avait quelque projet semblable. Peut-être a-t-il bien fait de venir sans être suivi d’une force étrangère, de se jeter presque seul entre les bras de ses sujets, et de tout confier à leur générosité, à leur loyauté et à leur courage. Quelques-uns le blâment, mais je ne suis pas de ce nombre. Il fera naître un nouvel intérêt dans tous les cœurs généreux de ses royaumes ; au lieu que, par un appel moins franc et moins mâle à leur affection et à leur fidélité, il aurait pu trouver de la froideur dans le cœur de quelques-uns. Nous apprenons de tous côtés que Son Altesse Royale fait des merveilles en Écosse ; et les amis de sa maison sont pleins d’activité en Angleterre, quoiqu’ils soient encore forcés d’être prudents et circonspects.
— Je me réjouis du fond du cœur d’apprendre de si bonnes nouvelles, dit Bluewater, reprenant longuement haleine, en homme dont l’esprit est tout à coup délivré d’un pesant fardeau ; mais beaucoup dépend encore de la promptitude et de la résolution des principaux chefs du parti. Nous sommes assez forts pour maîtriser la nation, si nous pouvons mettre en avant des hommes qui soient en état de conduire les autres et de se maîtriser eux-mêmes. Tout ce qu’il nous faut à présent, c’est cent à deux cents hommes éminents, qui sortent de leur état d’inertie, et qui nous montrent le chemin vers des exploits honorables et un succès certain.