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— Je crois que le capitaine Stowel en aurait fait autant avec le César, amiral, répondit le jeune homme avec un véritable esprit de corps. Vous souvenez-vous du jour où étant mouillés à la hauteur de Lorient, nous appareillâmes avec un coup de vent portant en côte ? Sir Gervais lui-même dit ensuite que nous avions moins perdu au vent qu’aucun autre bâtiment de l’escadre, et pourtant tout le monde dit que le Plantagenet est le bâtiment qui tient le mieux le vent parmi tous les vaisseaux à deux ponts de la marine.

— Tout le monde ! c’est certainement un bâtiment qui tient bien le vent, mais il y en a d’autres qui le valent à cet égard. — Qui avez-vous entendu en parler ainsi ?

— Tous ces midshipmen ne font que s’en vanter, et ils en disent encore bien davantage.

— Des midshipmen ! Les jeunes gens trouvent toujours des charmes supérieurs à l’objet de leur premier amour, soit à terre, soit sur mer. Avez-vous jamais entendu un vieux marin parler ainsi du Plantagenet ?

— Oui amiral ; Galleygo, le maître-d’hôtel de sir Gervais, en fait à tout propos un éloge encore plus ampoulé. Ce sont de fiers hâbleurs que tous ces plantagenets !

— Cela est tout naturel, dit Bluewater en souriant ; ils ont entendu donner de semblables éloges aux bâtiments qui ont autrefois porté le même nom. Mais regardez les vergues de ce vaisseau, jeune homme, et apprenez à orienter les voiles au plus près du vent. Le pinceau d’un peintre ne pourrait tirer des lignes avec une symétrie plus exacte.

— Le capitaine Stowel nous dit que les vergues ne doivent pas être brassées exactement de même, mais que nous devons mollir un peu les bras du vent, de manière à ce que les vergues supérieures soient un peu moins brassées que les inférieures, à partir des petites vergues jusqu’aux basses vergues.

— Vous avez raison de suivre en toute chose l’opinion de Stowel, Geoffrey ; mais le capitaine Greenly n’a-t-il pas fait la même chose à bord du Plantagenet ? Quand je parle de symétrie, je veux dire la symétrie d’un marin.

Le jeune homme fut obligé de garder le silence, quoiqu’il lui répugnât excessivement d’admettre qu’aucun vaisseau pût être égal au sien. Cependant il y avait toute apparence d’un changement de temps. Presque à l’instant où le Plantagenet avait brassé au plus près, le vent avait fraîchi, et dix minutes après il y eut une forte brise. Quelque temps avant que l’amiral hélât les bâtiments qui étaient au