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les deux amiraux gravissaient côte à côte le promontoire en discutant leurs opérations futures. Quand on vint lui annoncer que tout était prêt sir Gervais descendit au rivage par le même sentier qu’il avait suivi la veille, et se frayant un passage à travers les villageois trop occupés pour songer à lui, il entra dans sa barge. Une minute après, le battement mesuré des avirons le conduisit rapidement vers le Plantagenet.



CHAPITRE XVII.


Ce n’était pas sans quelque raison, car le vent augmenta le soir, et il devint un ouragan. Ce n’était pas grand’chose pour un marin, mais un homme habitué à la terre aurait pu pâlir un peu, car les marins sont, de fait, une race différente. Au coucher du soleil, on commença à carguer les voiles : le ciel menaçait d’une tempête qui pourrait emporter un mât ou deux.
Byron



Comme midi venait de sonner, Bluewater résolut de passer quelques heures sur le promontoire, ou du moins d’y rester jusqu’à ce que le moment de songer à son dîner fût arrivé. Quoique habituellement distrait, son esprit trouva de l’occupation et du plaisir à regarder les évolutions qui eurent lieu à bord des différents bâtiments, et dont nous décrirons brièvement quelques-unes.

Il n’y avait pas cinq minutes que sir Gervais Oakes avait appuyé le pied sur le pont du Plantagenet quand on vit flotter en tête du grand mât de ce vaisseau un signal pour y appeler tous les capitaines de l’escadre. Dix minutes après, tous, à l’exception de ceux des bâtiments qui étaient au large, étaient réunis dans la chambre de conseil du vaisseau amiral, et écoutaient les ordres et les instructions du commandant en chef.

— Vous voyez, Messieurs, que mon plan est facile à comprendre, continua le vice-amiral après avoir expliqué ses intentions générales de donner la chasse aux Français, et de les amener à un engagement ; et chacun de vous le suivra implicitement. Nous avons un fort courant de jusant ; et une bonne brise, qui nous fera filer six nœuds à l’heure, nous arrive du sud-ouest. J’appareillerai et je ferai vent arrière jusqu’à ce que je sois en dehors de l’escadre, alors je serrerai le vent tribord amures ; je recevrai le courant du jusant par la joue de bâbord, et il me portera ainsi au vent jusqu’à l’entrée de la