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— Le corps du frère de votre aïeul, du ci-devant chef de votre famille, est dans cette maison, et il est dans les convenances que son héritier assiste à ses funérailles.

— Nous y avons aussi pensé. Sir, Reginald a eu la bonté de me proposer de me remplacer aux obsèques. D’ailleurs, il est possible que la rencontre avec M. de Vervillin ait lieu d’ici à quarante-huit heures ; au lieu que l’enterrement de mon oncle ne peut décemment se faire avant huit à dix jours.

— Je vois, Monsieur, que vous avez bien calculé toutes les chances, dit sir Gervais en souriant. — Bluewater, que pensez vous de cette affaire.

— Laissez-la entre mes mains, et je l’arrangerai. Vous mettrez à la voile environ, vingt-quatre heures avant moi, et cela laissera le temps d’y mieux réfléchir. Sir Wycherly peut rester avec moi à bord du César pendant l’action, ou nous pouvons le jeter à bord du Plantagenet, quand nous nous rencontrerons.

Après un instant de réflexion, sir Gervais, qui aimait à laisser à chacun le temps de délibérer sur ce qu’il devait faire, consentit à cet arrangement, et il fut convenu que sir Wycherly s’embarquerait à bord du César, s’il ne survenait rien qui pût changer sa détermination.

Cet arrangement étant terminé, le vice-amiral annonça qu’il allait retourner à bord de son vaisseau. Galleygo et ses autres domestiques avaient déjà fait tous les préparatifs du départ, et il ne restait plus que les adieux à faire. Sir Gervais et sir Reginald se quittèrent en se donnant mutuellement toutes les marques d’une amitié cordiale ; car l’intérêt qu’ils prenaient l’un et l’autre au succès de Wycherly, en établissant entre eux une sorte d’intimité, avait disposé le second à pardonner au marin son dévouement à la cause de la maison régnante. Dutton, sa femme et sa fille partirent en même temps, et ce qui se passa entre eux et sir Gervais en cette occasion eut lieu en cheminant vers le promontoire, où tout le monde se rendit à pied.

Un homme du rang de sir Gervais Oakes ne quitta pas le toit sous lequel avait reçu l’hospitalité, pour retourner sur son bord, sans être escorté jusqu’au rivage. Bluewater l’accompagna afin de pouvoir jusqu’au dernier moment faire à son ami, ou recevoir de lui, les observations qui se présenteraient à leur esprit sur les devoirs qu’ils allaient avoir à remplir. Wycherly faisait partie de ce groupe, tant pour donner une marque de respect à son amiral, que par désir d’être près de Mildred. M. Rotherham s’était joint à eux, M. Atwood suivait avec les deux chirurgiens-majors, et lord Geoffrey lui-même