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— Plus la besogne est difficile, Dick, plus elle fait honneur l’ouvrier.

— Vous dites que la marée change, Bunting ?

— Oui, sir Gervais, et nous serons tous évités du jusant dans une vingtaine de minutes. Les frégates mouillées au large le sont déjà. La Chloé semble croire que nous ne tarderons pas à appareiller, car elle a déjà mis en croix ses perroquets et ses cacatois. Le capitaine Greenly pensait même à faire disposer la tournevire.

— Ah ! je vois que vous êtes tous des gens difficiles à contenter. Vous êtes déjà las de votre pays, et vous n’y êtes que depuis vingt-quatre heures. Eh bien ! monsieur Bunting, vous pouvez retourner à bord et dire que tout va bien. Je présume que vous savez dans quel état de confusion se trouve cette maison ; faites-en part au capitaine Greenly.

— N’avez vous rien de plus à lui faire dire, sir Gervais ?

— Mais… un moment, Bunting, dit Oakes en souriant ; vous pouvez lui donner à entendre qu’il ferait bien de prendre à bord toutes ses provisions fraîches le plus tôt possible, oui, et de n’accorder à personne la permission de venir à terre.

— Rien de plus, sir Gervais ? demanda l’officier, qui désirait d’autres ordres.

— Au fait, vous pouvez faire un signal pour qu’on se prépare à désaffourcher. Les bâtiments peuvent fort bien rester mouillés sur une seule ancre lorsque la marée sera une fois bien faite. — Qu’en dites-vous, Bluewater ?

— Un signal pour désaffourcher sur-le-champ ferait marcher les choses plus vite. Vous savez fort bien que vous avez dessein de prendre le large : pourquoi ne pas donner sur-le-champ l’ordre de désaffourcher ?

— Et maintenant, Bunting, j’ose dire que vous aimeriez aussi à donner de manière ou d’autre votre opinion au commandant en chef.

— Si je pouvais avoir cette présomption, sir Gervais, je dirais seulement que plus tôt nous mettrons à la voile, plus tôt nous battrons les Français.

— Et vous, maître Galleygo, que pensez-vous à ce sujet ? Nous sommes en conseil de guerre, et chacun peut parler librement.

— Vous savez, sir Gervais, que je ne parle jamais sur de pareilles affaires, à moins qu’on ne m’adresse la parole. Votre Honneur et l’amiral Bleu suffisent bien pour prendre soin de l’escadre dans la plupart des circonstances, quoique dans les hunes nous n’ayons pas absolument autant de connaissances du métier qu’il peut y en avoir dans les membres de conseil ou même dans la grande chambre.