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ticulier, et il reconnut celle du baron Wychecombe. Le lecteur sait déjà que par ce testament le feu baronnet avait institué son neveu Thomas Wychecombe légataire universel de tous ses biens meubles et immeubles, et son exécuteur testamentaire.

— Ce testament me paraît avoir été rédigé par un jurisconsulte très-habile, feu le baron Wychecombe, dit sir Reginald.

— Vous ne vous trompez pas, répondit Tom sans se déconcerter ; il le fit pour obliger mon oncle ; mais il laissa en blanc les noms du légataire, voulant lui laisser toute liberté de choisir qui bon lui semblerait. Vous voyez que c’est sir Wycherly lui-même qui a rempli les blancs, ce qui ne laisse aucun doute sur ses intentions.

— Je vois que vous avez droit à tous les biens meubles et immeubles du défunt ; mais quant à vos prétentions à son titre, elles seront certainement contestées et rejetées.

— Et pourquoi rejetées ? s’écria le jeune lieutenant, se mettant en avant pour la première fois, et ses yeux brûlant d’une curiosité qu’il ne pouvait réprimer. — M. Thomas, sir Thomas, devrais-je dire, n’est-il pas le fils aîné de l’aîné des frères de feu sir Wycherly, et par conséquent héritier du titre comme du domaine du baronnet ?

— Certainement non. Je puis le garantir d’après des preuves que j’ai soigneusement examinées, et qui constatent que M. le baron Wychecombe n’a jamais été marié, et par conséquent n’a pu laisser après lui aucun héritier légal.

— Cela est-il possible ? Comme nous avons tous été trompés en Amérique !

— Que voulez-vous dire, jeune homme ? Avez-vous quelque prétention légale à faire valoir ici ?

— Je suis Wycherly, fils unique de Wycherly, qui était fils aîné de Grégoire Wychecombe, frère puîné du feu baronnet. Si ce que vous nous dites se trouve vrai, je suis du moins le plus proche héritier du titre.

— C’est une… — Le mot — fausseté — que Tom allait prononcer s’arrêta dans son gosier, car les yeux calmes mais sévères du jeune marin rencontrèrent les siens et l’avertirent d’être prudent. — C’est une erreur, dit-il ; mon oncle Grégoire était garçon quand il périt dans un naufrage et par conséquent il ne peut avoir laissé des enfants légitimes.

— Je dois dire, jeune homme, dit sir Reginald d’un ton grave au jeune marin, que c’est du moins ce que j’ai toujours entendu dire. J’avais un intérêt trop puissant à connaître l’histoire de cette famille, pour en négliger les annales.