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sans trop savoir pourquoi, que la production d’un testament déjouerait, d’une manière ou d’une autre, les espérances du prétendu sir Thomas. Tom lui-même n’était pourtant pas sans inquiétudes, car le changement survenu depuis quelque temps, dans les dispositions de son oncle à son égard, le portait à craindre qu’on ne trouvât quelque testament d’une date postérieure à celui qu’il avait en poche. Cependant un air de triomphe prit peu à peu la place de la crainte sur l’expression de sa physionomie, à mesure que la recherche avançait ; et quand M. Furlong, homme parfaitement honnête, eut déclaré que, d’après la connaissance qu’il avait du caractère du défunt, il ne croyait pas qu’il eût fait un testament, il ne put se contenir davantage.

— Pas si vite, maître Furlong, pas si vite ! dit-il en tirant de sa poche un papier en forme de lettre cachetée ; voici une pièce à laquelle vous consentirez peut-être à donner le nom de testament. — Vous remarquerez, Messieurs, que ce papier est légitimement entre mes mains, car il porte mon adresse, elle est de son écriture, et son sceau y est apposé. — Voyez, Furlong ; reconnaissez-vous la main de mon oncle sur cette adresse, et ce cachet est-il le sien ?

— Je reconnais l’écriture et le cachet, dit l’intendant en soupirant. À cet égard, M. Thomas a raison.

— M. Thomas, drôle ! et pourquoi non sir Thomas ? Les baronnets n’ont-ils pas droit à un titre en Angleterre ? Mais n’importe ; il a temps pour tout. — Sir Gervais Oakes, comme vous êtes parfaitement désintéressé, voulez-vous me faire le plaisir de rompre le sceau et de voir ce qui est contenu dans l’enveloppe ?

Le vice-amiral ne perdit pas un instant à le satisfaire, car il prenait un vif intérêt au résultat que cette affaire allait avoir. Le lecteur se doute déjà que la pièce que Tom venait de remettre à sir Gervais était le testament préparé par son père. On a déjà vu que sir Wycherly l’avait signé après en avoir rempli les blancs du nom de Thomas Wychecombe entre les mains duquel il l’avait remis ; et celui-ci, après l’avoir lu cinq ou six fois pour bien graver dans sa mémoire ce qu’il contenait, avait engagé le testateur, le même jour, à mettre cet acte sous enveloppe cachetée à son adresse. Le vice-amiral lut ce testament depuis le premier mot jusqu’au dernier, avant de le remettre entre les mains de sir Reginald. Celui-ci s’attendait à trouver dans ce testament l’œuvre, d’un faussaire ; mais la lecture des premières lignes le fit changer d’opinion, et il vit que cet acte n’avait pu être rédigé que par un homme connaissant parfaitement les formes et le style du barreau. L’écriture avait un caractère par-