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— Si je parais avoir négligé de m’acquitter de mes devoirs envers vous, Messieurs, que je dois maintenant considérer comme mes hôtes, vous me le pardonnerez, j’espère, en considération des sentiments que j’éprouve en ce moment. Sir Wycherly était le frère aîné de mon père, et il m’était aussi cher que proche parent. Par suite de cette mort fâcheuse, sir Reginald, je me trouve d’une manière aussi soudaine qu’inattendue élevé au rang de chef de notre honorable famille, et je sais combien je suis peu digne d’occuper cette place distinguée, et combien vous la rempliriez mieux ; mais la loi a placé une barrière insurmontable entre les deux branches de notre famille ; quant au droit d’hériter de l’une dans l’autre, ce qui n’empêchera pas que je ne sois toujours prêt à reconnaître ma parenté, qui est aussi honorable pour une branche que pour l’autre.

Sir Reginald eut besoin de faire un grand effort sur lui-même pour rendre à Tom le salut par lequel celui-ci jugea à propos de terminer son discours. — Je vous remercie, Monsieur, répondit-il avec une politesse froide, et jamais je ne désavouerai aucune parenté qui puisse être justement et légalement établie. Mais j’ai été appelé, près du lit de mort de sir Wycherly par sa volonté expresse ; presque les dernières paroles qu’il a prononcées avaient pour but de me nommer son exécuteur testamentaire ; en de pareilles circonstances, je crois de mon devoir de chercher à m’instruire des droits auxquels son décès donne ouverture, afin de savoir qui est son héritier, et qui doit donner des ordres ici.

— Vous n’attachez sans doute aucune validité, sir Reginald, au prétendu testament qui a été si singulièrement préparé en présence de mon cher oncle, une heure avant sa mort ? Quand même cet acte extraordinaire eût été dûment signé et scellé, je ne puis croire que la cour de Doctors’ Commons l’eût déclaré légal ; mais n’étant ni l’un ni l’autre, ce n’est qu’un chiffon de papier sans aucune valeur. Quant aux immeubles, Monsieur, quoiqu’un délai de cinq minutes m’ait occasionné une perte si considérable, je suis disposé à admettre que vous avez raison. À l’égard des biens mobiliers, c’est une question qui pourrait être portée devant une cour d’équité, les intentions du défunt ayant été clairement exprimées en présence de nombreux témoins ; mais je n’oserais assurer quel serait le résultat de cette demande.

— Non, non Monsieur, s’écria Tom, la joie du triomphe colorant ses joues, en dépit de tous ses efforts pour paraître calme ; aucune cour de justice en Angleterre ne voudrait changer le cours naturel de la transmission des biens mobiliers par succession. Cependant je