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baronnet n’eut qu’un seul fils, Wycherly, notre père, qui eut cinq enfants vous qui lui avez succédé et qui êtes le sixième baronnet, moi, Jacques, Charles et Grégoire. Jacques s’est cassé le cou près de vous ; Charles et Grégoire ont perdu la vie au service du roi sans s’être mariés ; ni vous ni moi nous ne sommes entrés dans le saint état du mariage. Je ne puis m’attendre à vivre plus d’un mois, et c’est en vous seul que repose l’espoir de perpétuer la ligne directe de la famille. J’ai rendu compte de tous les descendants de sir Wycherly, le premier baronnet, et cette liste comprend tous ceux qui étaient appelés recueillir la substitution, et dont je suis le dernier. À présent remontons au-delà du temps de Jacques Ier. Les branches aînées de notre famille manquèrent deux fois entre les règnes de Richard II et de Henri VII, et deux fois la loi adjugea le domaine aux branches cadettes. Ce fut ainsi que Michel Wychecombe, syndic du Devonshire, en fut mis en possession. Michel eut deux femmes ; nous descendons de la première, et c’est de la seconde que descendent les Wychecombe du comté de Hertz. Le chef de cette branche est aujourd’hui sir Reginald Wychecombe de Wychecombe-Regis, baronnet.

— Sir Reginald ne peut avoir aucun droit à être mon héritier, puisqu’il n’est mon parent que dans une ligne, dit sir Wycherly d’un ton bref qui annonçait qu’il sentait vivement sur ce point. — Un parent dans une seule ligne n’a pas plus de droits à hériter qu’un filius nullius, comme vous appelez Tom.

— Pardonnez-moi, frère Wycherly ; car il est parent dans une ligne, tandis que le filius nullius ne l’est dans aucune. Supposons un instant que notre père se fût marié deux fois, et que vous fussiez né de sa première femme, et moi de la seconde ; n’y aurait-il pas eu de parenté entre nous ?

— Quelle question à faire à un frère !

— Mais en ce cas je ne serais pas tout à fait votre frère. Je ne serais que votre demi-frère, votre frère de père seulement.

— Qu’importe, qu’importe cela ? Nous serions nés du même père ; nous aurions porté le même nom ; nous aurions eu l’un et l’autre les mêmes sentiments fraternels ; nous serions l’un à l’autre exactement ce que nous sommes à présent.

— Fort bien, et cependant nous ne pourrions hériter l’un de l’autre. Votre domaine, après votre mort, appartiendrait au roi à titre de déshérence, n’importe qu’il fût Hanovrien ou Écossais ; jamais il ne pourrait m’appartenir.

— Vous vous amusez aux dépens de mon ignorance, Thomas, et