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sent fait par un des ducs Plantagenets à un des ancêtres de la famille, en récompense de quelque acte signalé de bravoure pendant les guerres de Henri VI contre la France.

— Portez ceci, — brave jeune homme, — honneur pour notre nom, dit sir Wycherly. — Doit descendre de lui, — tous les Wychecombe en sont descendus.

— Je vous remercie de ce présent, sir Wycherly ; je l’accepte, et j’en fais tout le cas qu’il mérite, répondit le lieutenant, tout autre sentiment que celui de la reconnaissance ayant disparu de sa physionomie. Je puis n’avoir aucun droit à vos honneurs et à votre fortune mais je puis accepter et porter cette bague sans rougir, puisqu’elle a été donnée à un homme qui est aussi bien un de mes ancêtres légitimes, que de tous les Wychecombe qui existent en Angleterre.

— Légitimes ! s’écria Tom, la fureur et le ressentiment l’emportant un instant sur la circonspection et l’astuce.

— Oui, Monsieur, légitimes, répondit le jeune officier avec le calme d’un homme qui sait qu’il n’a dit que la vérité, mais en jetant sur Tom un regard qui lui fit faire deux pas en arrière pour se placer derrière le cercle. — Je n’ai pas besoin d’y faire graver une barre transversale pour me donner le droit de porter ce sceau, car vous allez voir, sir Oakes qu’il est parfaitement semblable à celui que je porte habituellement, et, qui m’a été transmis par mes ancêtres en ligne directe.

Le vice-amiral compara les armoiries gravées sur un cachet attaché à la chaîne de montre du jeune officier à celles qui étaient gravées sur la pierre surmontant la bague que le vieux baronnet venait de lui donner, et il vit qu’elles étaient parfaitement semblables. Sir Reginald s’avança à son tour, et l’examen qu’il en fit eût le même résultat. Comme toutes les branches connues de la famille Wychecombe avaient les mêmes armes, c’est-à-dire trois griffes et trois béliers, machine de guerre dont on se servait avant l’invention de l’artillerie, il vit sur-le-champ que le jeune homme portait habituellement sur lui cette preuve d’une origine commune. Sir Reginald savait fort bien qu’on prenait quelquefois les armoiries et le nom d’un autre, et que plus l’individu qui se permettait cette liberté était obscur, plus l’impunité était probable ; mais le cachet que portait le jeune lieutenant était évidemment fort ancien et un siècle auparavant, ce genre d’usurpation des droits des autres était plus rare qu’il ne le devint ensuite. Quant au jeune officier, son caractère, son extérieur et ses manières ne permettaient pas qu’on le soupçonnât