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— Quel nom placerons-nous ensuite, sir Wycherly ? Il vous reste encore à disposer d’un bon nombre de ces guinées, reprit le vice-amiral. — Grégoire — et Jacques — les fils de mon frère Thomas — baron Wychecombe — cinq mille guinées à chacun d’eux, répondit le testateur, paraissant faire un grand effort pour s’expliquer intelligiblement.

Atwood écrivit ce nouveau legs, et lut ensuite :

« Item, je donne et lègue à mes neveux Grégoire et Jacques Wychecombe, fils réputés de feu mon frère Thomas Wychecombe, l’un des barons de la cour de l’échiquier de Sa Majesté, la somme de cinq mille guinées à chacun d’eux, dans les fonds de la dette publique de ce royaume à cinq pour cent. »

— Si vous approuvez cette clause, sir Wycherly, faites-nous-le connaître.

Le malade fit le même signe d’assentiment que dans les cas précédents.

— Quel nom vous plaît-il que nous écrivions à présent ? demanda le vice-amiral.

Il y eut une assez longue pause. Le baronnet repassait évidemment dans son esprit ce qu’il avait fait et ce qui lui restait à faire.

— Séparez-vous davantage les uns des autres, mes amis, afin que le testateur puisse vous distinguer tous sans peine, dit sir Gervais, faisant un geste de la main pour indiquer d’étendre la circonférence du demi-cercle qu’il avait formé lui-même devant le lit du malade, et que l’intérêt et la curiosité avaient insensiblement resserré. — Avancez un peu plus de ce côté, lieutenant Wycherly Wychecombe, afin que ces dames puissent voir et être vues. Et vous aussi, monsieur Thomas Wychecombe, mettez-vous plus en avant pour que les yeux de votre oncle puissent tomber sur vous.

Ce discours était le tableau exact de ce qui se passait dans l’esprit du vice-amiral. L’idée que le lieutenant était un fils naturel du vieux baronnet, malgré l’histoire de sa naissance en Virginie, avait pris l’ascendant sur son imagination et connaissant le mérite de ce jeune homme, il désirait vivement que le testament contînt du moins un legs en sa faveur. À l’égard de Tom, il s’inquiétait fort peu que son nom fût ou non sur le testament. Justice avait été substantiellement faite, et la fortune de son père dont Tom avait hérité, étant suffisante à ses besoins, sa situation actuelle n’excitait pas la commisération. Cependant sir Gervais pensa que, dans les circonstances présentes, il serait généreux de rappeler au testateur qu’il avait encore un troisième neveu.