dit Bluewater d’un ton assez bas pour n’être entendu que de celui à qui il parlait. Je crois que nous connaîtrons plus vite les désirs de sir Wycherly si nous le laissons les exprimer de lui-même.
Sir Reginald fit un signe d’assentiment, et pendant ce temps on fit tous les préparatifs pour procéder à la rédaction du testament. Atwood s’assit devant une petite table près du lit, et se mit à tailler ses plumes ; les médecins firent prendre une potion cordiale au malade, et sir Gervais fit ranger tous les témoins de cette scène lugubre autour de la chambre, de manière à ce qu’ils pussent voir et être vus ; mais il prit un soin particulier de placer le lieutenant Wychecombe dans un endroit où les regards du testateur ne pouvaient manquer de tomber sur lui. La modestie du jeune officier aurait peut-être réclamé contre cet arrangement, s’il n’en eût résulté qu’il se trouvait à côté de Mildred.
CHAPITRE XIV.
n peut aisément supposer que Tom Wychecombe avait vu avec
consternation les opérations préliminaires qui ont été rapportées
dans le chapitre précédent. La circonstance qu’il était dépositaire
d’un testament dont la date remontait à plusieurs mois, et par lequel
son oncle le constituait seul et unique héritier de tous ses biens,
meubles et immeubles, lui avait inspiré de l’audace et lui avait fait
prendre la résolution hardie de prendre le titre de baronnet aussitôt
après la mort de son oncle, convaincu que comme il n’existait aucun
héritier de ce titre, personne ne songerait à lui contester le droit de
le prendre, du moment que la propriété des biens lui serait assurée.
Mais en ce moment, un double coup menaçait de renverser toutes
ses espérances ; d’autres semblaient instruits de sa naissance illégitime,
et il y avait toute apparence qu’un nouveau testament allait
annuler l’ancien, du moins dans ses dispositions les plus importantes
pour lui. Il ne pouvait concevoir ce qui avait pu causer ce changement
soudain dans les intentions de son oncle ; car il ne se connais-