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jeune lieutenant causait avec mistress Dutton et sa fille. Mais sir Gervais lui ayant fait un signe de l’œil, il leur dit quelques mots à la hâte, alla joindre le vice-amiral, et monta l’escalier avec les deux baronnets.

— Je vous présente un jeune homme qui, s’il n’est point parent de votre famille, sir Reginald, en porte du moins le nom, M. Wycherly Wychecombe, lieutenant dans la marine royale, dit Oakes ; et je suis charmé de pouvoir ajouter que c’est un officier qui fait honneur à tous ceux qui portent votre honorable nom.

Sir Reginald salua le jeune lieutenant d’un air poli ; mais celui-ci trouva quelque chose de désagréable dans le regard curieux et pénétrant qui accompagna cette politesse.

— Je ne sache pas, répondit-il avec froideur, que j’aie le moindre droit à l’honneur d’être le parent de sir Reginald Wychecombe et ce n’est même qu’hier soir que j’ai appris qu’il existait une branche de cette famille dans le comté de Hertz. Vous vous souviendrez, sir Gervais, que je suis né en Virginie.

— En Virginie ! s’écria sir Reginald, surpris au point de perdre quelque chose de son empire sur lui-même. — Je ne savais pas qu’il y eût dans les colonies une famille portant notre nom.

— Et s’il y en a une qui s’y soit établie, sir Reginald, dit le vice-amiral, elle y trouve des hommes dignes à tous égards de sa compagnie. Nous autres Anglais, nous avons un peu l’esprit de clan ; — je déteste ce mot, il a un sens trop étroit, trop écossais ; — mais c’est un fait, nous avons l’esprit de clan, quoique nous portions ordinairement des culottes, et nous regardons quelquefois avec dédain même un fils que l’envie de courir le monde a conduit dans ce pays. Suivant moi, un Anglais est un Anglais, n’importe de quelle partie du monde il vienne. — C’est ce que j’appelle de la libéralité, sir Reginald.

— Rien n’est plus vrai, sir Gervais ; mais un Écossais est un Écossais, quoiqu’il vienne de l’autre côté de la Tweed.

Ces mots furent prononcés d’un ton calme ; mais le vice-amiral sentit le sarcasme, et il eut le bon esprit d’en rire et de convenir de ses préjugés. Ils arrivaient à la porte de l’appartement de sir Wycherly, et ils s’y arrêtèrent un instant pour savoir s’ils pouvaient entrer.

Il se fit un grand changement dans cet appartement. Les chirurgiens levèrent l’interdit qu’ils avaient mis sur la chambre du malade, et en quelques minutes tous ceux qui se trouvaient dans la maison y furent réunis, même les principaux domestiques, parmi lesquels Galleygo lui-même trouva moyen de se glisser. Cependant les chi-