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Il avait pourtant assez de pénétration pour comprendre, d’un seul coup d’œil, le caractère du vice-amiral, et cette singularité ne fit sur son esprit aucune impression durable. Mais quand sir Gervais fit allusion aux droits de l’héritier supposé, il jeta sur celui-ci un regard froid et méprisant qui lui glaça presque la moelle des os.

— Pourrais-je vous dire un mot en particulier dans votre appartement, sir Gervais ? demanda le baronnet du comté de Hertz au vice-amiral, dans un aparte ; de pareilles affaires ne doivent pas se traiter avec une précipitation indécente, et je désire connaître mieux le terrain sur lequel je marche, avant d’avancer davantage.

Bluewater entendit cette question, et, les priant de rester où ils étaient, il se retira, emmenant Tom avec lui. Dès qu’ils furent partis, sir Reginald à l’aide de questions faites avec une adresse circonspecte, tira du vice-amiral le récit exact de tout ce qui s’était passé à Wychecombe-Hall depuis que les deux amiraux s’y trouvaient, de la situation actuelle du vieux baronnet, et de la manière dont il avait fait connaître son désir de voir son parent. Ayant appris tout ce qu’il voulait savoir, il demanda s’il pouvait voir le malade.

— Permettez-moi auparavant, sir Reginald, de vous faire à mon tour une question. Quelques expressions dont vous vous êtes servi me portent à croire que vous connaissez les termes techniques employés au barreau ; moi, je ne connais que ceux dont on se sert dans la marine. Pourriez-vous m’expliquer ce qu’on entend par ces mots parent d’une seule ligne ?

— Personne en Angleterre ne pourrait le faire mieux que moi, sir Gervais ; car, étant fils cadet, j’ai été destiné au barreau, et j’ai été reçu avocat à Middle-Temple. La mort de mon frère aîné sans enfants m’ayant rendu héritier de tous ses biens, m’a fait renoncer à cette profession, mais j’en sais encore assez pour vous dire que moi-même je ne suis parent de sir Wycherly que dans une seule ligne.

Sir Reginald, alors, lui expliqua la loi qui s’appliquait au cas dans lequel il se trouvait lui-même, loi qui a déjà été expliquée à nos lecteurs, et il le fit très-succinctement, mais avec beaucoup de clarté.

— Cela est-il possible, sir Reginald ! s’écria le marin, dont toutes les idées de justice et de droiture étaient blessées par ce qu’il venait d’apprendre. Quoi ! un parent de sir Wycherly au quarantième degré, ou le roi, hériterait de ce domaine, de préférence à vous, quoique vous descendiez en ligne directe des anciens Wychecombe, qui vivaient sous les Plantagenets !

— Telles sont les dispositions de la loi commune, sir Gervais : si j’étais le demi-frère de sir Wycherly, c’est-à-dire le fils de notre père