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saient seuls la nature du message envoyé à sir Reginald Wychecombe, et la réponse que le messager venait d’apporter, mistress Dutton se hasarda à faire une question à ce sujet, et le lieutenant lui répondit avec une promptitude qui prouvait qu’en ce qui le concernait il n’avait aucune inquiétude à cet égard.

— Sir Wycherly, dit-il, a désiré voir son parent éloigné, sir Reginald et le messager qui avait été envoyé dans le comté de Hertz pour l’inviter à venir ici ayant heureusement appris d’un postillon que le baronnet voyageait dans l’ouest, et qu’il l’avait conduit la soirée précédente dans une maison qui n’est qu’à vingt milles d’ici, s’y rendit sur-le-champ et l’y trouva encore ; de sorte que nous pouvons attendre sir Reginald dans une heure ou deux.

C’était tout ce que pouvait dire le lieutenant ; mais nous pouvons ajouter que sir Reginald Wychecombe était catholique et jacobite, et, de même que plusieurs individus qui partageaient ses opinions religieuses et politiques, il était venu dans l’ouest pour tâcher d’y organiser une insurrection qui ferait diversion aux efforts qu’on allait faire contre le fils du Prétendant en Écosse. Comme les conspirateurs prenaient les plus grandes précautions, ce fait n’était pas même soupçonné par aucun de ceux qui n’étaient pas dans le secret. Sachant que sir Wycherly était un vieillard hors d’état de prendre une part active dans les événements qui se préparaient, et étant lui-même remuant et plein de sagacité, sir Reginald s’était approché de l’ancien domaine de sa famille, pour voir si l’influence de son nom pourrait l’aider à y faire des recrues ; il avait même dessein de se rendre ce jour-là même à Wychecombe, mais déguisé, et sous un nom supposé, parce que les circonstances le mettaient en état d’alléguer ce qui serait regardé comme une excuse suffisante, si cette démarche donnait lieu à des commentaires.

Sir Reginald Wychecombe offrait en sa personne un mélange singulier, mais non contre nature, de manège et d’intégrité. Sa position comme papiste l’avait disposé à devenir intrigant, et sa position comme proscrit par un esprit d’hostilité religieuse l’avait confirmé dans son papisme. La persécution et la proscription donnent de l’activité, et même de l’importance à des milliers d’hommes qui auraient passé leur vie dans le repos et l’obscurité, si la main affairée des autres ne les avait poussés dans des situations qui éveillent leur hostilité et développent leurs moyens. Il croyait fermement à toutes les traditions de son église, quoique son éducation religieuse ne s’étendît guère au-delà de son livre de prières ; et il ajoutait foi aux doctrines les plus absurdes, sans avoir jamais pris la peine d’exami-