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étions jeunes, et je puis dire que nous avions de l’affection l’un pour l’autre.

Le midshipman lui promit de ne pas l’oublier, et le contre-amiral resta seul. Il se promena une demi-heure dans sa chambre, réfléchissant à ce qu’il avait fait relativement à la disposition de sa fortune et à ce qu’il avait à faire au sujet du Prétendant. Tout à coup, il fit venir le patron de sa barge, et lui ordonna de la préparer pour le conduire à terre. Trois minutes s’étaient à peine écoulées que lord Geoffrey se présenta de nouveau devant lui.

— Votre barge est prête, amiral, lui dit le jeune homme, qui avait déjà mis son grand uniforme, en midshipman qui va se rendre à terre.

— Avez-vous vu le capitaine Stowel, Milord ?

— Oui, amiral il m’a permis d’aller à terre et d’y rester jusqu’au soir, à charge d’en repartir au coup de canon de retraite du vaisseau amiral.

— En ce cas, faites-moi le plaisir de prendre place dans ma barge, si vous êtes prêt à partir.

L’offre fut acceptée, et quelques minutes après tout le cérémonial d’usage avait été observé, et le contre-amiral était assis dans sa barge. Il était assez tard pour qu’on eût eu le temps de n’oublier aucun point d’étiquette. Le capitaine était en personne sur le pont, entouré d’un nombre suffisant de ses officiers pour en représenter le corps ; les soldats de marine étaient rangés sous les ordres de leurs officiers, les tambours battaient, et le maître d’équipage, d’un coup de sifflet, avait fait passer six hommes sur le bord. Lord Geoffrey descendit le premier dans la barge, et y resta debout respectueusement jusqu’à ce que le contre-amiral fût assis. Ces formalités ayant été remplies, les huit avirons frappèrent l’eau en même temps, de manière à ne faire entendre qu’un seul coup, et la barge avança vers le rivage. À chaque embarcation qu’on rencontrait, et qui ne portait pas elle-même un officier supérieur, les canotiers mâtaient leurs avirons en passant près de cette barge sur l’avant de laquelle flottait le pavillon de contre-amiral, tandis qu’à bord de celles où il y avait un officier supérieur, on suspendait simplement le nége en se reposant sur les avirons, tandis que les officiers saluaient du chapeau. La barge traversa ainsi toute l’escadre, et s’approcha du rivage. Quand elle fut sur le point d’arriver au lieu du débarquement, petit quai naturel formé par une plate-forme du rocher, il s’y fit un mouvement général dès qu’on eut reconnu le pavillon qu’elle portait, tous les canots, et même ceux des capitaines, s’écartant pour lui donner