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mat ; — maisons nécessaires. — N’est pas mon parent, Monsieur, — probablement un nullus. — Beaucoup de Wychecombe sont des nullus. — Tom un nullus, — les Wychecombe du comté de Surrey, tous des nullus. Sir Reginald n’est pas un nullus, mais il n’est que d’une ligne. — Thomas, Jacques, Charles, Grégoire, étaient des deux. — Mon frère, le baron Wychecombe, me l’a dit avant de mourir.

— Des deux quoi, Sir Wycherly ? demanda l’amiral, trouvant ce langage un peu obscur.

— Des deux lignes, sir Gervais, — c’est la loi. — Je le tiens du baron, — de première main.

Une des particularités de l’Angleterre, c’est que peu de personnes y connaissent les lois, à l’exception de ceux qui en font leur profession. Les connaissances de ceux-ci sont même divisées et subdivisées de manière à assurer à chacun leur part du profit. Ainsi le notaire n’est pas avocat, l’avocat n’est pas procureur et celui qui plaide devant la cour de la chancellerie donnerait des avis peu sûrs dans une cause portée devant une des cours de la loi commune. Cette disposition de la loi commune qui n’admettait pas le droit de succession entre les parents qui ne l’étaient que dans une des deux lignes, paternelle ou maternelle, a été modifiée ou réformée par un statut, il y a une dizaine d’années ; mais quand même elle existerait encore, il est probable que peu d’Anglais non jurisconsultes la connaîtraient, car elle était si contraire à toutes les idées de justice naturelle, qu’elle était reléguée parmi les mystères de la profession du barreau. Si l’on avait dit à mille Anglais intelligents, mais peu versés dans le dédale des lois, qu’il en existait une en vertu de laquelle des frères, nés de différentes mères, quoique descendant d’ancêtres communs à tous deux ne pouvaient hériter l’un de l’autre si ce n’est comme légataires, ou comme appelés à recueillir une substitution, il est très-probable que neuf sur dix auraient refusé de croire à l’existence d’une loi si absurde. C’est pourtant ce qui avait lieu jusqu’aux réformes qui ont été récemment introduites dans la législation anglaise, et nous sommes surpris qu’un auteur, plein d’esprit, qui a, il n’y a pas longtemps, charmé ses lecteurs par une fiction qui a pour principal pivot les vicissitudes de la pratique des lois, n’ait pas songé à profiter de ce trait particulier, qui aurait fourni assez de mystères pour une douzaine de romans ordinaires, et assez d’invraisemblances pour une centaine. Il est donc tout simple que sir Gervais et ses compagnons ne connussent pas cette loi, et que les allusions que le digne baronnet y avait faites à plusieurs reprises, fussent pour eux de véritables énigmes qu’il leur était impossible d’expliquer.