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étendu par terre à l’endroit même où il était tombé, fit heureusement jaillir un jet de sang, qui non-seulement rappela le baronnet à la vie, mais lui rendit la connaissance. Sir Wycherly n’était pas un buveur déterminé comme Dutton, mais il portait son vin aussi bien que M. Rotherham et la plupart des ministres de cette époque. Le manque d’exercice avait autant contribué que l’excès du vin qu’il avait bu à occasionner cette attaque, et l’un concevait déjà de fortes espérances qu’il y survivrait, aidé, comme il était, par une bonne constitution. L’apothicaire était arrivé cinq minutes après l’attaque, car il était en ce moment près du jardinier, qui avait la fièvre. Le médecin et le chirurgien étaient attendus dans le cours de la matinée.

Sir Gervais Oakes avait été informé par son valet de chambre de l’état de son hôte dès que cette nouvelle s’était répandue parmi les domestiques. Homme actif, il se rendit à l’instant même dans la chambre du malade, pour offrir son aide, s’il ne se trouvait personne plus en état d’en donner. Il rencontra à la porte de la chambre du baronnet Atwood qui s’y rendait dans la même intention, et ils y entrèrent ensemble. Le vice-amiral cherchait déjà une lancette dans sa poche, car il avait aussi appris à saigner, quand M. Rotherham l’informa qu’il avait déjà fait cette opération.

— Où est Bluewater ? demanda sir Gervais après avoir regardé un instant son hôte avec compassion et intérêt. J’espère qu’il n’est pas encore parti ?

— Il est encore ici, sir Gervais, répondit Atwood ; mais je crois qu’il est à l’instant de partir ; je l’ai entendu dire que, malgré toutes les instances que lui avait faites sir Wycherly pour qu’il passât la nuit ici, il avait dessein de retourner sur son bord.

— Je n’en doutais pas, quoique j’aie affecté de n’en rien croire. Allez le trouver, Atwood, et dites-lui que je le prie de héler le Plantagenet en passant, et de dire à Magrath de venir à terre le plus tôt possible. Il trouvera à l’endroit du débarquement une voiture pour le conduire ici. Bluewater peut envoyer aussi son chirurgien, s’il le juge à propos.

Ayant reçu ces instructions, le secrétaire se retira, et sir Gervais, se tournant vers Tom Wychecombe, lui tint quelques discours d’usage en pareilles circonstances.

— Je crois qu’il y a quelque espérance, Monsieur ; oui, je le crois, malgré l’âge avancé de votre respectable oncle. Cette saignée a été faite à propos, et si nous pouvons gagner un peu de temps pour le pauvre sir Wycherly, nos efforts ne seront pas perdus. Une mort