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considérable que celui des hommes qui étaient sous ses ordres. L’ennemi fit halte quand il fut arrivé en face de la chaumière de Birch, se mit en ligne, et fit ses dispositions pour une charge ; une colonne d’infanterie se montra au même instant au bout de la vallée, et se dirigea vers la petite rivière dont nous avons parlé.

Le major Dunwoodie n’était pas moins distingué par le sang froid et le jugement que par une intrépidité à toute épreuve quand l’occasion l’exigeait. Il vit sur-le-champ que l’avantage était pour lui, et il résolut d’en profiter. La colonne qu’il conduisait commença à se retirer lentement, et le jeune Allemand qui commandait la cavalerie ennemie, craignant de perdre une victoire facile, donna l’ordre de charger. Peu de troupes avaient plus d’impétuosité que les Vachers ; ils s’élancèrent avec une confiance que leur inspiraient la retraite de l’ennemi et la marche de la colonne qui formait l’arrière-garde. Les Hessois les suivaient plus lentement, mais en meilleur ordre. Les trompettes des Virginiens firent alors entendre des sons vifs et prolongés, et celles du détachement qui était en embuscade y répondirent avec une force qui porta la terreur dans le cœur des ennemis, la colonne de Dunwoodie fit volte-face au même instant, et lorsque l’ordre de charger fut donné, la troupe de Lawton se montra, le capitaine en tête, en faisant brandir son sabre, et en animant ses soldats par les accents d’une voix qui se faisait entendre au-dessus des sons d’une musique martiale.

Cette double charge parut trop menaçante aux Vachers ; ils prirent la fuite sur-le-champ, et se dispersèrent de différents côtés avec toute la vitesse de leurs chevaux, l’élite de ceux de West-Chester. Un petit nombre d’entre eux seulement furent blessés, mais ceux que frappa le bras vengeur de leurs concitoyens ne vécurent pas assez longtemps pour dire quel était celui qui leur avait porté le coup fatal. Ce fut sur les pauvres vassaux d’un prince allemand que tomba le choc. Accoutumés à une discipline sévère et à une obéissance passive, ces malheureux soutinrent la charge avec intrépidité ; mais ils furent balayés par les chevaux pleins de feu et le bras nerveux de leurs antagonistes, comme des brins de paille enlevés par le vent. Plusieurs d’entre eux furent littéralement écrasés sous les pieds des chevaux, et le champ de bataille n’offrit bientôt plus un seul ennemi aux yeux de Dunwoodie. Le voisinage de l’infanterie anglaise empêcha de les poursuivre, et