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nelles, et qui avait surtout montré beaucoup d’empressement pour que rien ne manquât au capitaine, jusqu’au moment où il avait donné toute son attention à l’affaire sérieuse du souper.

On ne revit ensuite ni la femme ni le colporteur. À la vérité on retrouva la balle de celui-ci, mais ouverte et presque vide, et une petite porte communiquant à une chambre voisine de celle où Harvey avait été enfermé, était aussi restée ouverte.

Le capitaine Lawton ne put jamais lui pardonner ce tour. Il ne haïssait pas ses ennemis avec modération, et la fuite du colporteur était une insulte à sa pénétration, dont il conserva une profonde rancune. En ce moment il réfléchissait encore à cet exploit de son ci-devant prisonnier, gardant le silence, mais n’en perdant pas un coup de dent. Il avait eu le temps de déjeuner longuement et fort à son aise, quand le son martial d’une trompette se fit entendre à ses oreilles, et retentit dans toute la vallée. Il se leva sur-le-champ et s’écria :

— À cheval, messieurs ! vite à cheval ! voici Dunwoodie qui arrive. Et suivi de ses officiers il sortit précipitamment.

À l’exception des sentinelles laissées pour garder le capitaine Wharton, tous les dragons montèrent à cheval et marchèrent à la rencontre de leurs camarades.

Le prudent capitaine Lawton n’oublia en cette occasion aucune des précautions nécessaires dans une guerre où la ressemblance de langage, de costume et d’usage rendait la circonspection doublement indispensable. Cependant lorsqu’il fut assez près d’un corps de cavalerie deux fois plus nombreux que le sien, pour être bien sûr qu’il ne se trompait pas, Lawton fit sentir l’éperon à son coursier, et en un moment il fut à côté de son commandant.

La pelouse en face de la maison fut de nouveau occupée par la cavalerie ; on prit les mêmes mesures de précaution qu’auparavant, et les soldats nouvellement arrivés se hâtèrent de prendre leur part des rafraîchissements qui avaient été préparés pour leurs camarades.