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— Dans la corps de garde, répliqua le capitaine.

— Qu’a donc fait ce pauvre, Birch ? demanda miss Peyton en lui offrant, une quatrième tasse de café.

— Pauvre ! s’écria le capitaine, s’il est pauvre, il faut que John Bull le paie bien mal.

— Sans contredit, ajouta un des officiers, le roi George lui doit un duché.

— Et le congrès lui doit une corde, dit, Lawton, en prenant quelques gâteaux.

— Je suis fâché, dit M. Wharton, qu’un de mes voisins ait encouru le déplaisir du gouvernement.

— Si je l’attrape, dit le capitaine, de dragons en étendant du beurre sur un autre petit pain, je le ferai danser sous les branches de quelque bouleau.

— Il figurerait fort bien, ajouta, le lieutenant, fort tranquillement, suspendu à une de ces Sauterelles devant sa propre porte.

— Fiez-vous à moi, reprit Lawton il passera par mes mains avant que je sois major.

D’après le ton décidé avec lequel les officiers s’exprimaient, personne ne jugea à propos de pousser plus loin, la conversation sur ce sujet. Toute la famille savait depuis longtemps que Birch était suspect aux officiers américains. Il avait été arrêté plusieurs fois, et la manière toujours étonnante et souvent mystérieuse dont il s’était tiré d’affaire avait fait trop de bruit pour qu’on pût l’avoir oublié. Dans le fait, une grande, partie de la rancune du capitaine, Lawton contre le colporteur venait de ce que celui-ci avait trouvé moyen de se soustraire à la vigilance de deux de ses plus fidèles dragons, sous la garde desquels, il l’avait placé.

Il y avait à peu près un an qu’on avait vu Bireh rôder dans les environs du quartier-général américain, dans un moment où l’on s’attendait à quelques mouvements importants. Dès que l’officier dont le devoir était de garder les approches du camp avait eu avis de ce fait, il avait ordonné au capitaine Lawton de se mettre à sa poursuite et de l’arrêter. Celui-ci connaissant parfaitement les bois, les montagnes et les défilés, avait réussi dans sa mission. S’étant arrêté ensuite dans une ferme pour y prendre des rafraîchissements, il avait placé son prisonnier dans une chambre séparée, et avait mis à la porte deux sentinelles dont il était sûr. Tout ce qu’on put savoir par la suite, ce fut qu’on avait vu une femme s’occuper avec activité des ouvrages de la maison près des senti-